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alimentation est plus ou moins régulière, plus ou moins constante, suivant qu’elle se fait par la voie superficielle ou par la voie souterraine, et dépend dès lors non-seulement des propriétés physiques du sol et de la configuration topographique, mais encore des cultures qui le recouvrent.

L’écoulement superficiel, dans les circonstances ordinaires, ne se produit que sur les terrains en pente et complétement impénétrables à l’eau, tels que les roches dénudées ou l’argile compacte : quand ils sont perméables, toute l’eau qui tombe est absorbée par ces terrains. Dans les plaines dont le sol n’est point perméable, elle reste à l’état stagnant jusqu’à ce que l’évaporation l’ait restituée à l’atmosphère, et forme par conséquent des étangs naturels et des marais. Dans les montagnes au contraire, elle s’écoule par la ligne de plus grande pente avec une vitesse proportionnelle à la déclivité comme à la longueur du chemin parcouru, et vient se déverser dans les ruisseaux qui occupent le fond de la vallée. Elle y arrive très peu de temps après sa chute sous forme de pluie, en sorte que rigoureusement, si elle contribue à l’alimentation de ces cours d’eau, ce n’est qu’en leur fournissant un volume considérable à certains momens, nul quelques instans après. L’écoulement superficiel ne peut donc pas assurer la régularité du débit des cours d’eau. On a vu que, sauf dans les terrains imperméables, cet écoulement est nul en temps ordinaire ; mais il arrive qu’après plusieurs jours de pluie consécutive le sol, complétement imbibé, ne peut plus absorber l’eau qui continue toujours à tomber : celle-ci, ne trouvant point d’autre issue, doit nécessairement s’écouler à la surface. C’est alors que l’action des forêts commence à se manifester. Si en effet le sol est découvert, la masse liquide se précipite avec une vitesse d’autant plus grande que la pente est plus rapide, et entraîne bientôt avec elle des matières de toute nature, qui augmentent à la fois son volume et sa puissance destructive. Il se produit dans les vallées des torrens, dont les ravages sont circonscrits, si les pluies n’ont été que locales, mais qui deviennent d’épouvantables inondations, si elles ont été plus générales. Si au contraire le sol est boisé, l’écoulement ne se fera que d’une manière relativement très lente. Arrêtée à chaque instant, brisée par les arbres, les branches, les mousses qu’elle rencontre sur sa route, l’eau tombée arrivera au bas de la vallée avec une vitesse beaucoup moindre. La forêt, en retardant le débit de cette eau, aura par suite amoindri les chances d’engorgement.

L’évaporation se produit, on le sait, à toutes les températures, mais avec plus ou moins d’intensité, toutes les fois que l’air ambiant n’est pas déjà saturé d’humidité. Toutes choses égales d’ailleurs,