« Certes, a dit Montaigne, c’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme ; il est malaysé d’y fonder un jugement constant et uniforme. » Cette opinion que le philosophe bordelais avait de l’humanité en général est surtout applicable à la nation française, dont la mobilité proverbiale s’est manifestée particulièrement à propos des inondations de 1856. La France a été consternée des désastres qui en ont été la conséquence ; l’Europe entière a répondu à l’appel que lui a fait la charité pour soulager les victimes du fléau ; l’Angleterre surtout, qu’on accuse si volontiers d’égoïsme, a montré dans cette circonstance un élan et une spontanéité qui prouvent combien la nation britannique est en réalité généreuse et sensible aux malheurs d’autrui. Cependant avec le souvenir de la souffrance passée ont disparu les craintes qu’inspirait l’avenir ; parce qu’on a réparé les anciennes digues, qu’on en a fait construire de nouvelles, on s’est hâté d’oublier combien peu ces moyens de défense avaient été efficaces, et l’on se croit sauvé à ja-