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recommanderait à la sollicitude des conseils municipaux du département. Nous dirons de l’amélioration des communaux ce qu’on a dit de la suppression de la vaine pâture : « Cette révolution est de celles qui doivent se faire toutes seules, par le progrès même de la culture et l’initiative des communes, non par un brusque décret du gouvernement. » Quelques encouragemens des départemens ou de l’état pourraient singulièrement faciliter l’œuvre, et les communes, chose inestimable, guériraient leur mal elles-mêmes, sans perdre aucune de leurs libertés.

Grâce au ciel, le temps des agitations est passé pour les communes : il n’y a plus pour elles de féodalité à combattre, de pouvoir absolu à subir, les constitutions modernes ont fixé les droits de l’état, des citoyens et des communes. Ainsi qu’on l’a vu, l’histoire et le droit public se donnent aujourd’hui la main pour assurer à celles-ci les prérogatives qu’elles ont revendiquées par les armes dans les siècles passés. Les communes ont une administration propre, des biens à elles. Nos lois, conformes aux révélations de la science, en ont fait au milieu des autres institutions du pays des individualités à part, ayant leur autonomie, et jouissant sous plusieurs rapports des mêmes droits que les citoyens. Voilà ce qu’il était utile de rappeler peut-être, et ce que n’ont pas assez remarqué les conseils-généraux et les économistes qui ont proposé le partage et la vente des biens communaux. Il faut pourtant le reconnaître aussi, une phase nouvelle a commencé pour les communes. Elles n’ont plus à défendre leurs biens, comme autrefois, contre l’usurpation, mais elles ont le devoir de les soustraire à la stérilité qui les déshonore sur plusieurs points de la France. C’est là une conquête facile et toute pacifique que sollicite aussi bien l’intérêt de l’agriculture que celui des populations ; c’est là une grande et belle tâche pour l’accomplissement de laquelle doit s’exercer cette initiative qui constitue l’indépendance communale, et dont la génération actuelle est heureuse d’avoir à faire un si noble usage.


JULES LE BERQUIER.