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tous ceux qui pensent comme elle, le sentiment de la fraternité chrétienne, inspirer dans les divers pays, tant aux congrégations qu’aux individus, un plus grand zèle pour toutes les œuvres spirituelles ou morales qui préparent le règne du Christ. Et au premier rang de ces intérêts sacrés, elle a, très honorablement pour elle-même, placé jusqu’ici la liberté religieuse.

Ces idées avaient pu paraître trop exclusivement spéculatives, lorsqu’elles furent exprimées à Liverpool. Il a bien fallu leur reconnaître une certaine consistance, lorsqu’en 1846 elles ont rassemblé dans Londres neuf cent vingt personnes venues de divers points de la Grande-Bretagne, de l’Amérique et de l’Europe. Cette réunion, confirmant toutes les résolutions de la précédente, a organisé, dans la forme ordinaire de ces institutions en Angleterre, une association qui subsiste depuis douze ans, et dont l’ardeur ne s’est nullement refroidie. Sous la présidence de sir Culling Eardley, la société, qui doit beaucoup à son zèle éclairé et à son caractère bienveillant, a continué de travailler, comme elle l’entend, à établir, non l’uniformité des symboles et des cultes, mais l’unité de l’esprit et l’union des sentimens, qui lui paraissent essentielles à la fraternité chrétienne. Son moyen d’action le plus puissant, c’est la tenue d’une session annuelle de quelques jours dans une ville de l’Angleterre ou du continent. La publicité de ses actes a pour principal instrument un recueil périodique imprimé par les soins de la branche anglaise de l’alliance, sous le titre de Evangelical Christendom. Elle a aussi trouvé des organes dans quelques-uns des journaux protestans qui paraissent en France. M. L. Bonnet a publié des lettres instructives sur la première conférence tenue à Londres[1], et M. Jean Monod a fait connaître tout ce qui s’est passé à la cinquième, ouverte dans la même ville l’année de l’exposition universelle. Son récit mérite assurément d’être lu ; mais le plus intéressant pour nous est sans contredit le volume de M. Guillaume Monod, qui a été chargé de rédiger le compte-rendu des séances tenues à Paris au mois d’août 1855. Dans ces diverses sessions, on a entendu des hommes comme MM. Grandpierre et de Pressensé s’expliquer sur l’état religieux de la France, comme les docteurs Tholuck et Krummacher sur l’état religieux de l’Allemagne. Le révérend T.-R. Birks a décrit avec une grande franchise l’Angleterre sous le même rapport. C’est dire que les deux publications de MM. Monod offrent un véritable intérêt. La philosophie elle-même pourra recueillir les jugemens qui ont été là prononcés sur son rôle en-deçà comme au-delà du Rhin.

  1. Lettres sur l’Alliance évangélique, par L. Bonnet, Paris 1857. M. Bonnet, pasteur à Francfort-sur-le-Mein, ne doit pas être confondu avec M. J. Bonnet, auteur d’une nouvelle collection des Lettres de Calvin et de la Vie d’Olympia Morata.