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pour sa puissance. M. de Choiseul sut encadrer ce traité, éternel témoignage de ses fautes, entre le pacte de famille et l’expulsion des jésuites : l’opinion ne marchanda rien à qui savait avec tant d’à-propos frapper les esprits et servir les passions.

Cependant, au milieu de tant d’agitations, Mme de Pompadour, à peine âgée de quarante-trois ans, fléchissait sous les atteintes d’un mal qui, en menaçant depuis longtemps ses jours, avait respecté cette beauté plus précieuse à ses yeux que la vie même. Elle vit venir de loin la mort, et se montra plus courageuse devant elle qu’elle ne l’aurait été devant l’adversité. Quoiqu’elle eût plus de vanité que d’ambition, elle parut heureuse de mourir dans la plénitude de sa puissance, durant un demi-retour de l’opinion provoqué par la paix, et surtout avant que l’outrage des ans ne fût devenu trop irréparable. Elle réclama et reçut les secours de la religion avec l’attitude d’une dame du palais de la reine très chrétienne dont le souci le plus constant avait été de faire prendre au sérieux le rôle qu’elle avait joué sur la scène du monde, recommandant chaleureusement ses amis, et faisant acte de haut patronage jusqu’à l’instant suprême. Attachant un prix presque puéril à se montrer en tout semblable à elle-même, elle mourut vêtue de soie, du carmin aux joues, le sourire aux lèvres, et sa main dans celle du prince qu’elle avait aidé si longtemps à se supporter lui-même.

Mme de Pompadour ne saurait être l’occasion d’aucune controverse. Sa vie fut un scandale d’autant plus corrupteur que toutes ses fautes furent calculées, et que son heureuse fortune n’eut aucun retour. Après avoir commencé sa carrière avec la seule pensée de devenir, puis de demeurer maîtresse du roi, elle entra dans les affaires par nécessité plus que par goût, et lorsqu’elle eut abordé ce rôle nouveau, elle le joua comme une actrice hors de son véritable emploi, y demeurant toujours au-dessous de la médiocrité. Jamais la responsabilité personnelle d’un homme d’état n’a été plus étroitement engagée que ne le fut celle de Mme de Pompadour dans les malheurs de son pays. Plus frottée de l’esprit d’autrui que riche de son propre fonds, possédant plus de délicatesse que d’originalité, elle n’a laissé aucune trace sensible de son passage dans l’histoire des lettres, qui continuèrent à suivre de son temps l’impulsion imprimée dès la régence. Si elle pensionna des écrivains, ce fut sans jamais leur rendre en inspirations ce qu’elle en recevait en flatteries, et leurs œuvres, composées pour ainsi dire dans son salon, ne nous ont conservé de la marquise aucun jugement sans appel, aucune appréciation neuve ou pittoresque, aucun même de ces mots qui sont comme la monnaie courante de l’esprit français. Son influence, à peu près nulle dans les lettres, a été singulièrement exagérée,