étendue de 22,075 hectares, taxés d’après la loi du 20 février 1849 à 27,708 fr., rapportant par conséquent 20 fr. au plus par hectare, ce qui est fort au-dessous du produit moyen des terres dans le pays : partout où il existe des communaux, on aperçoit, en en comparant l’état à celui des usurpations commises sur leur périmètre, combien serait profitable la sécularisation de ces terres, dont l’étendue est le vingt-septième du département. Cette mesure impliquerait l’immobilisation d’un capital de 5 millions en plantations, en défrichemens, en constructions, et la création ultérieure d’une valeur annuelle de 2 millions en denrées. Ce serait, pour le travail et la richesse, l’équivalent d’un canton ajouté au département de la Manche.
Les communaux ne sont pas les seules terres qui dans ce département réclament des habitans et des capitaux. L’état possède, sous la forme de mielles, des relais de mer dont la lisière s’étend presque sans interruption du Cap-Lévy au cap de Barfleur, et des falaises de Jobourg à la baie du Mont-Saint-Michel. On voit aux portes de Cherbourg un exemple instructif de ce que peuvent devenir ces sables trop grossiers et trop lourds pour se mamelonner en dunes. Le 27 mai 1811, Napoléon considérait du haut du fort du Roule l’ensemble de l’établissement maritime dont il venait assurer le développement : il aperçut à sa droite, le long de la mer, une solitude sablonneuse où de rares bouquets de ronces témoignaient seuls d’un peu de faculté végétale : c’étaient les miellés de Cherbourg et de Tourlaville, propriété stérile de l’état. Il en fit concession à la ville, sous la condition qu’après y avoir tracé des chemins et amené des eaux, elle les vendrait en détail. Un faubourg peuplé de 5,500 habitants s’est construit sur ces terres désolées, et le reste, couvert de fourrages, de racines, d’arbres fruitiers, de légumes, vaut aujourd’hui de 3 à 5,000 fr. l’hectare.
Ces sables reposent, il est vrai, sur un sous-sol argileux ; les vases du port, les immondices de la ville en ont accéléré la culture, et une population nombreuse était prête à les arroser de ses sueurs. Un telle réunion de circonstances favorables ne se rencontre pas partout, mais elle n’est point indispensable à la réalisation de grandes améliorations ; seulement il y faut plus de patience et moins d’ambition. Des sables qui sont précisément ce qu’étaient il y a cinquante ans les miellés de Tourlaville forment le long de la mer, à l’est du Cap-Lévy, une lisière de 1,400 hectares d’étendue. Rien n’est plus aisé que de rapprocher le jour où ils seront mis en culture. Un peu plus loin, le phare de Barfleur se dresse au milieu de landes arides, que les marins dont il éclaire les demeures se chargeraient certainement de féconder. Sur la côte occidentale du Cotentin,