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debout un exemple si concluant, c’est qu’il n’a point fait d’imitateurs ; mais elle ne vient point du règne végétal, et quand les difficultés physiques sont résolues, il en reste souvent de plus grandes dans les infirmités des esprits. Les 4,043 hectares de terres incultes appartiennent en grande partie aux communes, et se prêtent à des aliénations auxquelles pourraient être attachées des conditions qui donneraient dans la contrée un vif essor aux améliorations agricoles.

Une partie considérable des communaux du pays de La Hague est exposée aux mêmes influences atmosphériques que les friches du plateau proprement dit, et n’a pas moins besoin, pour être mise en culture, d’être protégée par des plantations. D’autres communaux, naturellement abrités par les plis du terrain, permettent presque immédiatement une exploitation fructueuse, et une expérience des plus encourageantes se poursuit en ce moment même dans la vallée d’Omonville. D’autres enfin sont bons à convertir en bois, et dans ce nombre il faut compter les vastes miellés de Vauville. Malheureusement, de toutes les manières honnêtes de se ruiner, la plus sûre est peut-être de défricher des terres quand on ne dispose pas de masses suffisantes d’amendemens à leur consacrer. L’adjonction de la chaux est la condition de la mise en valeur rapide du sol argilo-siliceux du canton de Beaumont, et la chaux manque sur les lieux. Ceci ramène à la nécessité de compléter au Hable d’Omonville l’œuvre de la nature, d’y rendre faciles et économiques les mouvemens de matières encombrantes entre la terre et le bassin, de faire ramifier autour de ce futur foyer de la régénération agricole du canton des chemins qui en pénètrent toutes les parties. C’est par ce port seulement que les terres de La Hague peuvent recevoir la chaux et les autres amendemens nécessaires, et c’est par là, lorsqu’elles seront en valeur, que s’écoulera vers nos côtes, vers celles d’Angleterre et vers les îles de la Manche, l’excédant de leurs produits.

Indépendamment de leur utilité permanente, les travaux d’Omonville et de l’anse Saint-Martin auraient l’avantage transitoire de recueillir une part des nombreux ouvriers que l’achèvement des bassins de Cherbourg laisse inoccupés. Si l’on savait combiner avec l’exécution de ces entreprises la mise en culture des terres délaissées, les capitaux dont cet ensemble d’opérations comporterait l’emploi rappelleraient la population dans les lieux qu’elle a désertés, et le pays de La Hague donnerait à l’établissement de Cherbourg les approvisionnemens, les matelots, et dans l’occasion les défenseurs qu’on lui demanderait vainement aujourd’hui.

La décadence du canton de La Hague n’est malheureusement pas un