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somme comprend, il est vrai, les 78 millions remboursés en 1852 par le trésor aux porteurs de rentes 5 pour 100 qui n’acceptèrent pas la conversion : ce remboursement constitue moins en lui-même un découvert du trésor que la transformation d’une partie de l’ancienne dette de l’état ; il n’en pèse pas moins sur le trésor, puisqu’il a fallu y faire face avec des ressources de trésorerie et accroître d’autant la dette flottante. Dans le rapport que nous examinons, M. Magne décompose le total des découverts suivant leur origine, sans tenir compte de ces 78 millions. Le gouvernement de juillet y aurait contribué en nombres ronds pour 292 millions, la république pour 359, et la période impériale pour 234, si l’on ne tient pas compte des 78 millions résultant de la conversion, ou pour 312 millions, si l’on fait figurer cette somme au total. Nous mentionnons ces chiffres uniquement comme les élémens du découvert total de 965 millions, qui était, au commencement de cette année, le point le plus fâcheux de notre situation financière, et nous laissons de côté les observations diverses auxquelles ils pourraient donner lieu. Nous croyons seulement qu’il est juste, à propos du découvert laissé par le gouvernement de juillet, de remarquer d’abord que sur ce chiffre de 292 millions il faudrait imputer 230 millions au premier empire et à la restauration, ensuite que le gouvernement de juillet jusqu’en 1840 n’avait ajouté que 36 millions aux découverts que les régimes précédens lui avaient légués, enfin que les découverts qui s’étaient formés pendant les dernières années du gouvernement de juillet avaient eu pour cause les dépenses extraordinaires consacrées par l’état aux travaux de chemins de fer, dépenses qui ont été si utiles au pays et dont on a recueilli le fruit en 1852, mais qui ne constituaient qu’un découvert passager, car elles devaient être couvertes réellement et par l’emprunt de 250 millions contracté en 1847, et par les sommes que les compagnies étaient tenues de rembourser à l’état. Aussi dès l’exercice 1848 la plus grande partie du découvert créé pour les travaux publics eût été comblée, et l’on serait rentré dans la situation régulière vers laquelle on se félicite, à bon droit, d’approcher aujourd’hui ; c’est la révolution en effet qui empêcha la continuation des versemens de l’emprunt de 1847 et les remboursemens des compagnies, et qui mit à la charge de la liquidation du gouvernement de juillet la faible somme qui lui revient dans le découvert de 292 millions qu’on lui attribue. Mais ce n’est point la question dont nous avons maintenant à nous occuper. Revenons au découvert actuel du commencement de cette année. Il était donc, quelles qu’en fussent les provenances, de 965 millions. Ajoutons, avec M. le ministre des finances, que le dernier budget qui ait grossi ce découvert est celui de 1854, et que depuis lors non-seulement les budgets subséquens, ceux de 1855, de 1856 et de 1857, ne l’ont pas accru d’un centime, mais au contraire que la liquidation de ces budgets a laissé un excédant disponible qui concourra à l’atténuer.

L’on sait en effet que la liquidation de chaque année financière est arrêtée dans ce que l’on appelle la loi des comptes. Dans les comptes de ces exercices clos, les recettes et les dépenses, tant ordinaires qu’extraordinaires, M. le ministre des finances en avertit fort à propos le public, sont confondues, et viennent aboutir à une balance générale et à un résultat définitif et