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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre 1858.

Un des plus utiles services que l’on pût rendre à la France serait de faire connaître et comprendre au grand public, — quoi ? — le budget ! Tout le gouvernement d’un pays est là. C’est dans le budget que vous trouverez les abus de l’état social ou politique ; c’est dans le budget bien étudié que vous trouverez l’indication, l’élément et l’instrument de tous les progrès politiques et sociaux. D’un côté sont les dépenses, c’est-à-dire les frais de gouvernement du pays ; de l’autre les recettes, qui expriment à la fois et les sacrifices que le pays s’impose sous forme de contributions et de taxes pour subvenir à ces frais de gouvernement, et le degré d’élasticité de la fortune publique. Le jour où les deux termes de cette équation seraient universellement connus et compris, l’éducation politique du pays serait faite ; la France posséderait enfin la vraie science du régime représentatif, et ce qu’on pourrait appeler l’infaillible arithmétique de la liberté. Quand le rapport des dépenses inutiles ou exagérées aux taxes qui alimentent le revenu, et qui paralysent plus ou moins le développement de la richesse générale, serait compris par l’opinion, combien de fautes gouvernementales seraient rendues impossibles, combien de réformes pacifiques et fécondes deviendraient faciles ! Tout se réduirait, dans la conscience publique, à une simple comparaison entre ce que coûte chaque service de l’état et ce qu’il rapporte, entre les frais d’exploitation de l’entreprise gouvernementale et les réductions que ces frais imposent au produit net du capital et du travail de chacun. C’est cette influence des divers impôts sur la richesse publique, sur l’activité des capitaux et du travail, qui fournirait la matière des plus instructives études et d’incessantes mesures de réforme. C’est en étudiant sans cesse cette influence et en la dirigeant avec prévoyance que l’on imprimerait à la production française toute la vigueur dont elle est capable, et que l’on assurerait au travail du peuple toute la rémunération à laquelle il a droit. Tant que le