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signe donné en présence de la reine d’Angleterre par l’empereur Napoléon III.

Ces trois bassins, revêtus de granit, offrent au flottage des plus grands navires une surface de 21 hectares, 65 ares, 68 centiares[1], et, sans les portes de flot, la profondeur d’eau y varierait avec les marées entre 9m 15 et 16m 40. Des cales de construction et des formes de radoubs qu’on pourrait classer parmi les monumens d’art, tant l’architecture en est grandiose et soignée, garnissent trois côtés de l’arrière-bassin, et atteignent la limite à laquelle peut s’élever la perfection dans les travaux hydrauliques. Des magasins somptueux, beaucoup plus beaux que ceux de Portsmouth, sont disposés autour de ces majestueuses nappes d’eau, et je mettrai dans ce moment mon amour-propre national à ne rien dire de la manière dont les uns et les autres sont approvisionnés. Faut-il se hâter de remplir ces magasins, d’y accumuler les matériaux d’espèces variées qui servent à la construction des vaisseaux, d’élever sur les cales des coques de navires, d’empiler des bois de mâture, des cordages et des toiles? Pour répondre sans hésitation à ces questions, il faudrait être convaincu que ces amas de matières combustibles seront en parfaite sûreté dans l’arsenal de Cherbourg. On ne saurait qu’en penser aujourd’hui, et pourtant l’artillerie n’a pas dit son dernier mot sur la puissance des moyens de destruction qu’elle emploiera dans la première guerre. En attendant, si l’état des défenses du port permet de hasarder quelques conjectures sur ce que conseille la prudence, nous ne perdrons rien à laisser les grands chantiers de construction et les grands dépôts d’approvisionnemens maritimes de l’Océan à Brest et à Rochefort, où la disposition des lieux ne les expose pas aux mêmes hasards que sur la Manche.


III.

L’histoire du vieux Cherbourg enseigne hautement combien le nouveau a besoin d’être défendu. Aussi, depuis Vauban, les travaux des fortifications ont-ils toujours marché de front avec ceux de l’établissement maritime : les uns sont la condition du maintien des autres.

Les attaques contre Cherbourg peuvent venir du côté de la terre et de celui de la mer. Les premières sont peu probables; elles supposent des débarquemens, des rembarquemens, et entraînent une série d’opérations dans lesquelles les accidens dont le terrain est

  1. ¬¬¬
    La surface de l’avant-port est de 292 ares 00 x 237m = 6 h. 92 a. 04 c.
    Celle du bassin à flot de 292 ares 00 x 217m = 6 h. 33 a. 64 c.
    Celle de l’arrière-bassin de 420 ares 00 x 280m = 8 h. 40 a. 00 c.