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LA
SOCIÉTÉ DE BERLIN

Erinnerungsblaetter, von A. V. Sternberg; 4 vol. Berlin 1856-1858.



On a beaucoup médit des ouvrages indiscrets, et avec raison. Rien n’est plus affligeant que cette littérature de mémoires, où tel individu, sous prétexte de se raconter soi-même, s’en va livrer à une curiosité banale toute sorte de mensonges apocryphes, de scandales controuvés, sur la vie du prochain. A côté de cette littérature effrontée, odieuse, qu’on ne saurait trop vertement flétrir et bafouer, il y en a une autre cependant qui, bien qu’elle ne mérite aucun blâme moral, ne doit pas échapper à la critique; je veux parler de la littérature à réticences diplomatiques, de tant de livres d’une accablante nullité que publient journellement une foule de gens en place et de voyageurs plus ou moins officiels. Personne ne demande à un envoyé quelconque le secret de sa mission; mais si la fantaisie prend à ce prétendu personnage politique de se faire auteur, et de nous entretenir à son tour de ses impressions de voyage, encore semble-t-il que nous soyons en droit de lui demander autre chose que des descriptions de cathédrales et des récits de combats de taureaux. Le public, qui s’entend merveilleusement à juger chacun selon sa valeur, veut bien vous passer votre manque d’imagination et votre mauvais style, à la condition que ces pauvretés seront rachetées par quelque mérite particulier; mais si vous lui faites défaut au moment voulu, si, lorsqu’il s’agit de vous expliquer sur les événemens, vous commencez à prendre des airs discrets et boutonnés, on