Nous avons eu plus d’une fois l’occasion de rendre justice ici même à la résistance courageuse que les graveurs contemporains opposent aux envahissemens de l’industrie mécanique. Il serait paradoxal sans doute de nier l’importance en tant que découvertes et à certains égards l’utilité des procédés de reproduction que le génie du XIXe siècle a mis au service de la science ; mais, sans rentrer dans une question examinée déjà[1], on peut dire qu’au point de vue de l’art et du goût, ces découvertes sont au moins dangereuses. Elles tendent à substituer partout l’effigie brute à l’image, le procès-verbal à l’interprétation du fait. C’est contre nos entraînemens en ce sens que la gravure est appelée à réagir ; c’est à elle de rallier à la cause du talent qui exprime le vrai les partisans de cette fidélité matérielle qui réussit tout au plus à le contrefaire : tâche difficile, si l’on considère les habitudes actuelles de l’opinion non-seulement en ce qui concerne la gravure, c’est-à-dire les traductions de seconde main, mais aussi en ce qui concerne les imitations directes
- ↑ Voyez, Revue du 1er avril 1856, la Photographie et la Gravure.