Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 18.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
NOUVELLE LITTÉRATURE
FRANÇAISE

M. OCTAVE FEUILLET.

I. Scènes et Proverbes, 1 vol. — II. Scènes et Comédies, 1 vol. — III. Bellah, 1 vol. IV. La Petite Comtesse, 1 vol. — V. Le Roman d’un Jeune Homme pauvre, 1 vol.



On a souvent soutenu cette théorie matérialiste, que le génie était le fruit des circonstances, qu’il était un produit de l’atmosphère sociale, comme l’homme moral était un produit de l’éducation. Il y aurait beaucoup à dire sur cette théorie, qui, comme toutes les théories, renferme cependant une part de vérité. Ainsi, s’il m’est impossible d’admettre que le génie, ou même le simple talent, soit autre chose qu’un don du ciel, j’accorderai bien volontiers que les circonstances ont la puissance de déterminer les formes sous lesquelles il se manifestera, les allures qui le rendront reconnaissable. Or, de toutes ces circonstances, il n’en est pas de plus puissante que le spectacle du monde social au moment où la jeunesse éclate, où la vie arrive à son épanouissement. Le premier regard jeté sur la société est toujours vif et profond, et nous gardons toute la vie le souvenir de l’impression charmante ou douloureuse que nous avons ressentie alors. L’imagination docilement ardente, passivement curieuse du jeune homme se laisse pénétrer sans résistance par toutes les influences qui l’entourent; la mémoire facile et molle, doucement échauffée par le feu brillant de passions qui s’allument à peine, reçoit les empreintes de toutes les formes. Les yeux s’ha-