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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1858.

Si l’on voulait nous permettre de parler un instant sans prétention, avec bonhomie, de nous-mêmes, nous relèverions les bruits auxquels, ces jours passés, a donné lieu la chronique de la Revue, et que nous ont rapportés les feuilles étrangères, véritables gazettes de Hollande de ce temps-ci. On a bien voulu nous donner quelques marques d’intérêt ; mais, sans marchander notre reconnaissance pour les sympathies qui nous ont été témoignées, la vérité nous oblige de confesser qu’en cette circonstance nous ne croyons point les avoir méritées. Les périls que l’on nous a fait courir sont imaginaires : on le comprendra aisément. Sans doute, nos principes libéraux ne sont un mystère pour personne ; nous savons ce que nous devons à ces principes, qui établissent, nous pouvons le dire avec une légitime fierté, les vieilles et nombreuses affinités de la Revue avec la France et avec l’Europe éclairée. Nous croyons que la cause libérale ne doit point être désertée par ses amis ; nous n’aimons l’émigration sous aucune forme. Nous sommes de l’avis de l’homme d’état illustre qui disait, il y a peu d’années, à la France qu’elle ne sait pas se servir des libertés qui lui restent. Nous voudrions, pour notre part, ne point mériter le reproche qu’enveloppait une observation si juste. Telle est notre ambition ; mais l’on accordera bien, nous l’espérons, que nous ne sommes pas dépourvus de sens pratique au point de nous laisser emporter par une ambition si simple et si désintéressée au-delà des limites du possible. Si donc quelques personnes nous avaient prêté la pensée de nous attaquer à la constitution de 1852, ainsi que le prétendent certaines correspondances étrangères, nous les avertissons qu’elles se sont trompées. Nous le disons sans orgueil comme sans modestie : il est absurde de prendre une part quelconque à l’activité politique de son temps et de son pays sans accepter comme point de départ la légalité actuelle. Ceux qui pensent différemment se condamnent au silence, à l’inaction, à cette émigration morale