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nerfs ? Ceux-ci même sont-ils de petits tulles, ou simplement des fils analogues aux conducteurs d’un télégraphe électrique ? Quelle différence physique ou chimique existe enfin entre l’agent de la sensibilité et celui de la motricité ?

Quelques physiologistes ont cru que la volonté fait vibrer les fibres nerveuses, et que cette vibration, transmise de proche en proche, vient pour ainsi dire secouer le muscle et exciter en lui une propriété inconnue qui le fait contracter. Dans cette hypothèse, on n’explique ni la cause ni l’effet de la vibration. À peine est-il besoin de la réfuter. Les nerfs sont mous et lâches, et leurs vibrations, comme celles d’une corde non tendue, se transmettraient mal, ou ne se transmettraient pas. Sans cesse les objets de nos sensations nous seraient imparfaitement représentés, jamais ils ne nous apparaîtraient nettement, et les mouvemens n’auraient ni rigueur ni précision. Quant aux esprits animaux, imaginés par les anciens pour être créés par le cerveau et envoyés dans toutes les parties du corps, il n’est pas même nécessaire de les nommer. Il pourrait y avoir un liquide sécrété par l’encéphale et coulant d’une façon intermittente dans les petits tubes qui constituent les nerfs. Le liquide viendrait donner aux muscles la sensibilité, qu’il transmettrait au cerveau par un mouvement de flux et de reflux, comme le sang nourrit toutes les parties du corps ; mais même si les nerfs sont des tubes, le liquide qu’ils doivent contenir est inconnu. Ils ne semblent pas d’ailleurs remplis à un moment plutôt qu’à un autre. Le cerveau n’a ni la forme ni la structure des organes de sécrétion, et le liquide dont il est entouré ne semble pas avoir sur les phénomènes de la vie une influence bien déterminée. Magendie l’avait considéré autrefois comme le régulateur des mouvemens, et ses expériences ont prouvé qu’il fallait renoncer à lui attribuer même cette fonction.

L’analogie entre la rapidité du principe actif des nerfs et celle de l’électricité, les intermittences de son action, les lois de sa propagation, ont identifié pour bien des savans les deux fluides. Après la découverte du galvanisme, le doute n’a presque plus semblé permis. Sur un cadavre même, les excitations galvaniques font contracter les muscles, et toutes les parties du corps, la chair, les nerfs et les os, sont sans cesse chargées d’électricité. On a cru voir que les aiguilles enfoncées dans la chair deviennent magnétiques. Wilson Philip a tenté de faire digérer un animal vivant, auquel il avait coupé les nerfs vagues, en galvanisant le bout des nerfs et il a cru réussir. Un observateur a vu l’aiguille de la boussole s’agiter sous l’influence de sa volonté seule, comme s’il y avait eu parce seul fait dégagement d’électricité. On ne peut dire que cette explication n’expliquerait rien, puisqu’on ne connaît pas la nature intime de