Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 18.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même dans la science, la simplicité n’est pas toujours la vérité; pourtant on doit la poursuivre partout, et il ne faut pas oublier qu’expliquer un phénomène, c’est seulement l’attribuer à la même cause mystérieuse qui produit un phénomène voisin et mieux connu. Nulle raison péremptoire ne s’oppose du reste a l’assimilation de l’électricité avec le magnétisme. Leurs actions sont dans bien des cas semblables, et ils ne se distinguent pas plus l’un de l’autre que les modifications d’une même force qu’on ne songe pas à diviser. Entre les propriétés de la lumière ordinaire et de la lumière polarisée, il y a autant de différence tout au moins.

Quoi qu’il en soit des procédés d’application, ce n’est point d’eux ni des combinaisons de roues dentées dont les mouvemens plus ou moins rapides servent à interrompre le courant, c’est de l’effet qu’il faut parler, non pas seulement de l’effet général, dont s’étaient surtout occupés les premiers expérimentateurs, mais de l’action sur une partie déterminée du corps, sur un muscle ou sur un nerf. Là est la découverte ou plutôt l’heureuse application de tant de découvertes faite par M. Duchenne. C’est grâce à lui surtout que l’on peut maintenant diriger l’électricité sur le point précis qu’elle doit atteindre. Sans incision ni piqûre, en employant seulement les conducteurs tantôt secs et tantôt humides, on lui fait traverser la peau, et on limite son action dans les nerfs, dans les muscles et même dans les os. Cela est si vrai que des muscles du bras ayant perdu leur sensibilité et leur contractilité par la destruction du nerf radial ont pu être électrisés sans qu’aucune sensation ait été éprouvée à la peau, qui pourtant avait conservé toutes ses propriétés. M. Duchenne a remarqué de plus que la contraction des muscles par l’électricité d’induction est directe, c’est-à-dire que la volonté, le cerveau même n’interviennent point. Il n’y a donc, dans ce cas, ni excitation de la sensibilité de la peau, ni commotion, ni stupeur, ni apoplexie, ni en un mot aucun des inconvéniens tant de fois observés dans les opérations faites par l’électricité des machines. Il n’y a pas nécessité de piquer la peau et d’ajouter une nouvelle douleur. En un mot, tout médecin et tout malade ayant quelque confiance dans l’électricité doivent s’adresser aux courans d’induction, ou, pour employer l’expression un peu barbare de M. Duchenne, à la faradisation.

Quant à l’opportunité même de l’emploi de l’électrisation localisée au traitement des maladies, quant aux cas où elle est indiquée, inutile ou nuisible, ce n’est point ici le lieu d’en parler. C’est surtout au point de vue de la physiologie que les procédés et le livre de M. Duchenne de Boulogne ont dû nous occuper. A nos yeux d’ailleurs, le premier mérite peut-être de sa découverte est d’ensei-