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LE
ROMAN DE MŒURS
EN ESPAGNE

FERNAN CABALLERO ET SES RECITS
I. La Gaviota. — II. Elia o la España treinta años ha. — III. Clemencia. — IV La Familia de Alvareda. — V. Cuadros de Costumbres. — VI. Relaciones. Madrid 1857-1858.



Il paraissait de temps à autre en Espagne, il y a quelques années, des récits d’une simplicité originale, qui ne devaient rien à une inspiration étrangère, et qui plaisaient par un heureux mélange de délicatesse morale, de sentiment poétique et de pénétrante observation. Les premiers se hasardaient dans un journal, ce lieu de passage, cette étape forcée de presque toutes les intelligences contemporaines; les autres se succédaient peu à peu, comme les fruits d’une sève tardive dans un mouvement littéraire déjà ralenti : tous avaient ce qui fait la vie des œuvres de l’esprit, l’intérêt, la grâce communicative, le trait juste et saisissant. Ces récits, créations imprévues d’un talent nouveau, reproduisaient merveilleusement l’ingénuité ardente, le caractère, la beauté, les couleurs, le ciel de toute une partie de l’Espagne, de l’Andalousie. Ils ne décrivaient pas seulement l’extérieur, le paysage matériel et sensible d’une contrée qui a son originalité, même à côté des autres provinces espagnoles; ils animaient ce paysage par la peinture de toutes les nuances de la nature morale, et, dans un enchaînement de fictions d’un tissu