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ouest. Le Defiance dut se disposer à appareiller. En ce moment, il se trouvait seul contre trois. Pour abattre au large, il dut filer son embossure, c’est-à-dire le câble qui lui faisait présenter le travers aux frégates. Au lieu de sa batterie, il nous montra sa large poupe presque dégarnie de feux. En quelques minutes, nos canons y eurent pratiqué une brèche où, selon l’expression familière à nos adversaires, un carrosse à quatre chevaux aurait pu passer. Les deux sabords de retraite n’en faisaient plus qu’un. Le feu du Defiance, tout occupé de son appareillage, avait alors cessé. Nous cherchâmes des yeux son pavillon ; on n’en voyait plus flotter à la corne. Sa brigantine avait été traversée par plus de vingt boulets, et probablement un de ces projectiles avait coupé la drisse qui supportait les couleurs anglaises. Il n’y eut qu’un cri à bord de la Créole. « Le vaisseau est rendu ! le vaisseau vient d’amener. » Nos acclamations trouvèrent de l’écho à bord de la Concorde et de la Revanche, et on dut les entendre au loin dans la campagne. Un singulier hasard avait réuni sur les trois frégates de cette division des officiers que leur rare intelligence, non moins que leur intrépidité, devait porter un demi-siècle plus tard à la tête d’un corps dont quelques-uns d’entre eux sont encore l’honneur. Le souvenir du 24 février 1809 s’est ainsi perpétué dans nos rangs, moins encore par l’éclat de cette action même que par les noms si chers à la marine de ceux qui y prirent part. Ce fut un de ces braves officiers que je chargeai de se rendre à bord du Defiance pour y enlever le capitaine et le déposer à terre : folle mission qui pourtant fut acceptée avec enthousiasme ; mais pendant que le canot de la Créole s’armait à la hâte, le Defiance avait hissé son petit hunier. Un boulet d’une de nos frégates en coupa la drisse ; le hunier retomba sur le chouque. Ce furent de nouveaux cris de victoire. Le Cæsar, suivi du Donegal, se trouvait alors à près de deux milles dans le sud, et par conséquent hors de portée de prêter au Defiance un secours immédiat. Si ce dernier vaisseau, au lieu d’abattre du côté du large, eût, comme il pouvait le craindre après cette avarie, abattu du côté de la terre, il était bien à nous. La fortune lui vint malheureusement en aide ; le vent enfla ses focs du côté favorable. Dès qu’il eut le cap dans la direction voulue, il s’éloigna lentement du théâtre de ce long combat ; il s’enfuit, mais en Parthe, en nous envoyant pour adieux un feu de file dont presque tous les coups arrivèrent à leur adresse.

L’amiral Stopford avait pris une résolution hardie en venant nous attaquer sur une rade foraine, où ses vaisseaux se seraient échoués s’ils s’étaient laissé surprendre par la basse mer ; mais j’ose dire qu’il ne s’attendait pas à la résistance qu’il allait rencontrer. Auquel des deux adversaires demeurait la victoire ? L’escadre anglaise s’éloignait : nous restions à notre poste, flamme et pavillon déployés,