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l’indigo ne donne à la teinture des nuances plus vives et plus solides. Les Sarrakholès, qui occupent ce pays, s’adonnent à la culture, et récoltent l’indigo, l’arachide, le sésame, le mil et des plantes légumineuses. Ils aiment notre caractère et nos produits : ils se plaisent au commerce, qu’ils exercent en colporteurs, cheminant de village en village à travers les contrées les plus agitées, et pénétrant d’un côté jusqu’à Ségou, de l’autre jusqu’à Saint-Louis, où ils s’engagent au service des commerçans et des marins. Volontiers ils nouent des relations avec les Sénégalais de cette ville, qui, depuis la suppression de la compagnie de Galam, ont été attirés à Bakel par le bon accueil des habitans, par l’abondance et le bas prix de la nourriture, et surtout par le désir de faire une rapide fortune. Tel a été, pour le constater en passant, un des progrès les plus utiles, auquel s’opposait le monopole de la compagnie.

Au Bondou, dont la population est évaluée à cent mille habitans, des plantations de coton entourent toutes les cases. Sur les deux rives de la Falêmé, où les maîtres de cet état ont étendu leur domination, se développent à perte de vue des champs de mil et de maïs, entremêlés d’arachides, de riz, de sésame, d’indigo, bordés de ruches, — autant de gages d’habitudes laborieuses et d’échanges avantageux.

Au Bambouk, pays accidenté, peu connu, en grande partie désert, l’abondance de l’or a nui au travail agricole, si facile du reste qu’il suffit de quinze jours pour préparer et ensemencer les terres ; les pluies et le soleil font le reste. Le riz est cultivé dans les terrains que les débordemens de la Falêmé et de ses affluens inondent ; la paille de riz couvre les cases, et sert à fabriquer des nattes souples et fortes. À côté de vastes forêts qui appellent l’industrie, et parmi lesquelles on distingue l’arbre dont le fruit donne le beurre végétal ou beurre de Galam, et le gigantesque baobab, qui produit » le pain de singe, se montrent encore les produits agricoles que nous venons de rencontrer ailleurs, promesses plus humbles, mais non moins utiles que le fer, qui se trouve partout, et l’or, dont l’extraction est si facile.

Le Khasso, que l’on suppose peuplé de cent cinquante mille âmes, est le plus beau pays du bassin du Sénégal : les terrains accidentés, les cascades retentissantes, la splendide et sauvage végétation, qui réjouissent le voyageur, y succèdent aux plaines et aux vallées, dont le sol fertile charme le cultivateur. Les arachides y sont de qualité supérieure, le riz comparable au meilleur de l’Inde, et les indigènes les troquent avec empressement contre le sel, qui leur manque. Plus au sud, vers le Fouta-Dialon, la présence de dattiers et d’orangers témoigne d’autres conditions climatériques et agricoles ;