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officiers et sous-officiers, marins de tout grade, vétérinaires, chefs indigènes, propriétaires, fabricans. Les travaux qu’exécutent avec les outils les plus simples les tisserands, les selliers du pays, surtout les forgerons-orfèvres, dont les bijoux en or ont été distingués et récompensés à l’exposition universelle de 1855, montrent que l’aptitude industrielle existe dans les races indigènes : l’instruction technique et professionnelle leur fait seule défaut. Les écoles dont nous parlons seront des pépinières de voyageurs et d’explorateurs qui pénétreront dans l’intérieur de l’Afrique, délégués intelligens de notre politique et de notre civilisation. Les élèves dont la capacité exceptionnelle méritera des encouragemens particuliers pourront être envoyés en France pour un petit nombre d’années, dans le midi particulièrement, et mieux encore à Alger, où ils recevront un complément d’éducation supérieure, ainsi qu’on l’a tenté pour la première fois dans le courant de l’année 1858. Ces jeunes gens d’élite deviendront les anneaux d’alliance entre la colonie et la métropole. Nous avons jusqu’à présent concentré nos regards sur Saint-Louis, premier et longtemps unique foyer de l’initiation européenne ; mais les centres naissans distribués le long du Sénégal ont à leur tour des besoins pareils. C’est ainsi qu’un arrêté du gouverneur, en date du 24 décembre 1857, a créé à Dakana, village de plus de quinze cents âmes, sur les limites du Oualo et du Fouta, une école primaire où l’éducation sera obligatoire pour les enfans indigènes. À Podor et à Bakel surtout, qui compte aujourd’hui deux mille cinq cents âmes, on doit établir prochainement une église pour les trente chrétiens qui s’y trouvent, y compris les soldats de la garnison, nombre un peu modeste que renforcera la prochaine exploitation des mines d’or du Bambouk. Quant aux simples villages, la plupart possèdent des écoles musulmanes, dirigées par des marabouts, l’islamisme se montrant, à l’encontre des préjugés régnans, très soucieux de l’instruction primaire.


II. — RICHESSES NATURELLES DE LA COLONIE. — MINES D’OR DU BAMBOUK. — MOUVEMENT COMMERCIAL. — ESSAIS ET SYSTEMES DE COLONISATION.

Dans la longue période qui s’écoula depuis le milieu du XIVe siècle, époque où les marins de Dieppe abordèrent pour la première fois sur la côte occidentale de l’Afrique, jusqu’au commencement du XVIIe siècle, le commerce des comptoirs français consista principalement dans l’échange de toiles, de couteaux, d’eaux-de-vie et de verroteries, contre les cuirs, le morfil ou dents d’éléphant, les plumes d’autruche, l’ambre gris et la poudre d’or. Plus tard, le développement des colonies européennes en Amérique donna naissance à une nouvelle branche de trafic, celle des esclaves, qui ne