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blessées durant la période qui se termine au 31 décembre 1854, permet également d’avoir une idée de la répartition approximative des causes de ces accidens, généralement accompagnées d’une violation des règlemens. Le nombre des victimes afférent à ce relevé général n’était que de 96 ; il présente, au 31 décembre 1856, l’augmentation considérable de 60. Sur ces 96 voyageurs, 36 avaient été tués ; 29, dont 15 sont morts, avaient été victimes de leur imprudence, en descendant des trains en mouvement ou en y montant ; 21, dont 5 seulement (ce qui est vraiment miraculeux) ont trouvé la mort dans leur chute, avaient sauté en bas d’un train en marche ; 13 en étaient tombés par divers motifs, et 7 avaient été tués sur le coup ; le même nombre 13 représente la quantité de voyageurs tombés dans les stations, et dont 10 n’ont reçu que des blessures ou même des contusions. Le chiffre total des victimes se compléterait au moyen d’accidens provenant de causes diverses. Parmi ces derniers, je ne relèverai que la mort d’un voyageur brûlé dans le compartiment d’une diligence transportée sur un truck, à laquelle il avait mis le feu par mégarde avec des allumettes chimiques.

Enfin l’annexe relative aux accidens qui se trouve dans l’Enquête se termine par deux doubles tableaux relatifs, l’un à l’année 1854, l’autre à l’année 1855 ; l’Enquête ne renferme que quelques totaux généraux pour 1856. On a donc, pour chacune des années 1854 et 1855, la classification des accidens de chemins de fer suivant leur nature, leurs causes et leurs effets, non-seulement quant aux personnes, mais encore quant à la régularité de la marche des trains. Ces tableaux donnent d’ailleurs des renseignemens précieux, qui n’avaient pu être obtenus antérieurement : je veux parler du nombre de trains mis en circulation et du nombre de kilomètres qu’ils ont parcourus. Ces chiffres offrent encore une preuve de la sécurité des voyages en chemins de fer. L’année 1856, par exemple, est fort rassurante, et contraste heureusement avec l’année précédente, qui avait été exceptionnellement néfaste : sur 35,299,293 voyageurs, transportés dans 332,501 trains et ayant parcouru ensemble 27,416,234 kilomètres, aucun n’a été tué et 9 seulement ont été blessés, ce qui correspond à 1 voyageur sur près de 4 millions pour 37,000 trains et plus de 3 millions de kilomètres parcourus. Sur 4 millions de voyageurs, un seul sera blessé : la vie humaine est-elle dans toutes les conditions aussi bien partagée sous le rapport de la sécurité ? M. Tourneux a sans doute fait cette réflexion lorsqu’il a cru devoir donner le nombre des individus tués en France par des voitures, charrettes et chevaux pour une période de quatorze ans (1840-1853) ; mais ce chiffre, qui est de 10,324 (soit annuellement 737), n’a qu’une signification incomplète. Le rapporteur officiel