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man Karl Bœtsoï, par moi soussigné Adam Stenson, et par Karine Bœtsoï, fille des ci-dessus nommés, et femme de confiance de la défunte baronne Hilda de Waldemora, née de Blixen.

« Ledit enfant nourri par une daine apprivoisée en la maison dudit danneman Karl Bœtsoï, sur la montagne de Blaakdal, jusqu’à l’âge de quatre ans, passant pour le fils de Karine Bœtsoï, laquelle, par dévouement à sa défunte maîtresse, a consenti à se laisser croire ensorcelée et mise à mal par un inconnu, et a ainsi préservé l’enfant, dont elle se disait mère, de la recherche de ses ennemis ;

« Ledit enfant, emmené par moi, Adam Stenson, pour le soustraire à des soupçons qui commençaient à le compromettre, en dépit des précautions prises jusqu’alors ;

« A été conduit par moi soussigné en Autriche, où j’ai une sœur mariée, laquelle pourra témoigner de m’avoir vu arriver chez elle avec un enfant nommé Christian, parlant la langue dalécarlienne ;

« Et sur l’avis du très fidèle ami et confident Taddeo Manassé, de la religion de l’Ancien Testament, autrefois bien connu en Suède sous le seul nom de Manassé, et très estimé de feu M. le baron Adelstan de Waldemora pour homme de parole, de discrétion et de probité dans son commerce d’objets d’art dont était fort amateur ledit baron ;

« Je soussigné me suis rendu en la ville de Pérouse en Italie, où résidait alors mondit ami Taddeo Manassé, et où, me présentant aux jours du carnaval, sous un masque, aux très honorables époux Silvio Goffredi, professeur d’histoire ancienne en l’université de Pérouse, et Sofia Negrisoli, sa femme légitime, de la famille de l’illustre médecin de ce nom,

« Leur ai remis, confié et comme qui dirait donné ledit Cristiano de Waldemora, sans aucunement leur faire connaître son nom de famille, son pays, et les raisons particulières qui me déterminaient à me séparer de lui.

« En donnant cet enfant bien-aimé aux susdits époux Goffredi, j’ai cru remplir le vœu de la défunte baronne Hilda, laquelle désirait qu’il fût élevé loin de ses ennemis, par des gens instruits et vertueux, lesquels, sans aucun motif d’intérêt, l’aimeraient comme leur propre fils, et le rendraient propre à soutenir un jour dignement le nom qu’il doit porter et le rang qu’il doit recouvrer après la mort de ses ennemis, laquelle mort, d’après l’ordre de la nature, doit précéder de beaucoup la sienne.

« Et dans le cas où la mort du soussigné arriverait avant celle desdits ennemis, le soussigné a chargé le susdit Taddeo Manassé de prendre telles informations qui conviendraient pour que, à la mort de ses ennemis, Christian de Waldemora en fût averti et mis