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classique, contenant 16 places dans le coupé, l’intérieur, la rotonde et sur l’impériale, n’atteindrait pas 0 fr. 07 c. par voyageur et par kilomètre ; il ne dépasserait pas 0 fr. 01 c. pour les bateaux à vapeur. Le premier de ces résultats est conforme à celui qui est donné dans les Documens statistiques, mais le second serait, suivant le rapporteur officiel, quintuple dans les meilleures conditions. Quoi qu’il en soit du dernier de ces points, il reste avéré que les voies navigables sont particulièrement avantageuses sous le rapport pécuniaire, lorsqu’on ne tient pas compte de l’axiome économique de nos voisins d’outre-Manche : time is money. En effet, la vitesse des bateaux varie seulement de 10 à 20 kilomètres à l’heure, et la limite supérieure n’est pas atteinte par la vitesse des voitures de terre, qui n’excède jamais 16 kilomètres. Tels ne sont pas d’ailleurs les prix effectifs de transport par ces deux voies de communication, sur lesquelles on paie de 0 fr. 10 c. à 0 fr. 12 c, et de 0 fr. 03 c. à 0 fr. 05 c, suivant qu’il s’agit de la voie de terre ou de la voie d’eau. « Si l’établissement des chemins de fer, remarque justement l’auteur du texte des Documens statistiques, n’avait eu pour conséquence que le déplacement des transports en les enlevant aux routes de terre et en partie aux voies navigables, les services rendus n’auraient eu qu’une faible importance, et d’ailleurs ils eussent été acquis au prix de la gêne et des souffrances qui surgissent toujours de la suppression d’une industrie. » Il n’en a point été ainsi du reste, notamment pour ce qui concerne le transport des voyageurs par les voies de terre ordinaires, lequel n’a pas décru, autant qu’on serait tenté de le croire, par suite de la quantité innombrable d’omnibus et de voitures de correspondance qu’ont fait créer les voies ferrées. Ainsi ce transport comprenait un parcours de 520,000,000 kilomètres en 1841, de 556,000,000 en 1847, de 445,000,000 en 1853, de 428,000,000 en 1854. Durant cette même période partout où une voie navigable ne s’est pas trouvée en rivalité avec un chemin de fer, le transport des voyageurs s’y est accru.

C’est le 1er octobre 1828 qu’a été ouvert le premier chemin de fer français, sur une longueur de 18 kilomètres, double seulement de celle du petit chemin de fer qui va être construit en Grèce. L’Angleterre possédait déjà 119 kilomètres de rail-ways. Ce n’est point à cette date toutefois qu’il faut reporter l’inauguration du nouveau mode de transport des personnes : les trois premiers chemins de fer concédés, — ceux de Saint-Étienne à la Loire (1823) et à Lyon (1826), et d’Andrezieux à Roanne (1828), dont la longueur totale n’était que de 102 kilomètres, — n’avaient été construits que pour joindre nos riches bassins houillers de Saint-Étienne et de Rive-de-Gier au Rhône et à la Loire. Ce n’est qu’au mois de juillet 1832 que s’opéra, sur la