Les chefs présens jurèrent d’être fidèles à la France, d’obéir au gouverneur, de commander leurs villages de manière à en accroître la population, la production et le bien-être, de défendre vaillamment leurs administrés contre les Maures. Après le serment, ils reçurent un burnous d’investiture, en drap vert brodé d’argent. En outre, M. Faidherbe remit à l’un d’eux, Farapenda, souvent signalé par son intrépidité, un beau fusil d’honneur que le ministre de la marine lui décernait en récompense de ses services. Ces commandans de cercles nommeront eux-mêmes, mais avec l’approbation du gouverneur, les chefs des villages ; ils obéiront à un officier, commandant supérieur de la province, qui résidera à Richard-Toll. À cette date, les villages soumis du Oualo étaient au nombre de vingt-huit, contenant une population de 9,680 habitans, armés de 900 fusils. C’était plus de moitié de la population totale ; encore fallait-il y ajouter 2,000 individus de cette province réfugiés à Saint-Louis.
À la fin de juin 1856, la santé ébranlée de M. Faidherbe le ramena pour quelques mois en France, et M. le chef de bataillon Morel, aujourd’hui commandant supérieur de Mayotte et de ses dépendances, chargé de l’intérim, dut pourvoir aux exigences de la situation difficile qu’avait faite à nos postes et à nos amis du haut du fleuve le soulèvement de El-Hadj-Omar dans le cours de l’année précédente. Sans quitter son quartier-général à Nioro, dans le Khaarta, notre adversaire maintenait l’agitation dans tout le bassin supérieur du fleuve. Aucun des états riverains au milieu desquels s’élèvent nos forts et nos comptoirs n’échappait à son action dissolvante. Sambala était sans cesse attaqué derrière ses murs, à Médine. Les caravanes du Bambouk étaient détournées des comptoirs de Bakel et de Sénoudébou. Les garnisons de ces deux forts, le navire qui protégeait l’escale de Makhana, avaient à soutenir les plus violens assauts. Aussi la situation, sans être compromise, était-elle fort tendue, lorsque M. le commandant Morel résolut de remonter le fleuve jusqu’à Médine. Partout il adressa des éloges, des encouragemens, des ordres, sans avoir de combats à soutenir. Le Bambouk, dont les populations avaient été le plus maltraitées par le prophète, parce qu’elles sont le plus réfractaires au Koran, s’était distingué par de nombreuses marques d’attachement à notre cause : le gouverneur intérimaire jugea opportun d’y envoyer en mission amicale M. Flizes, lieutenant d’infanterie de marine, chargé de la direction des affaires indigènes.
Depuis Duranton, le pays avait été visité de temps à autre : en 1843 par la commission dont nous avons parlé, en 1846 par M. Anne Raffenel, voyageant seul, en 1852 par M. Paul Rey, commandant de Bakel. Toujours l’accueil avait été bienveillant, et il y avait lieu d’espérer