Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA QUESTION
DU
SERVAGE EN RUSSIE

III.
LES RÉFORMES ACCOMPLIES ET LES RÉFORMES PROJETÉES.



Pour apprécier les résultats de la bienfaisante révolution qui est à la veille de se produire en Russie[1], il importe de savoir par quels essais on y a déjà préludé ; il faut indiquer les conditions économiques dont le gouvernement impérial doit tenir compte. Comment se compose et se divise la masse des hommes possédés par les particuliers, quelle est l’organisation actuelle du village seigneurial, quels sont les droits du propriétaire, les charges du paysan, les conséquences du servage au point de vue de l’intérêt privé des seigneurs et de l’intérêt public de l’état ? Voilà de graves questions dont l’étude doit précéder l’exposé des réformes accomplies, comme l’examen des réformes en voie d’exécution.


I. — CONDITION DES SERFS SEIGNEURIAUX ET PRIVILEGES DU PROPRIETAIRE RUSSE.

Des travaux statistiques récens, exécutés d’après l’ordre du comité supérieur appelé à statuer sur les questions relatives à l’émancipation, précisent le nombre des serfs russes et indiquent le mode de répartition de cette propriété de la noblesse. M. Kœppen s’était le premier livré à ces investigations dans les mémoires de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg et dans son livre remar-

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 juillet.