Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était arrivée la première. Elle trouva Christian endormi sur un sofa. — Eh bien ! s’écria-t-elle, vous n’êtes pas plus prêt que cela ? — Et que venez-vous faire ici ? ajouta-t-elle en s’adressant à Marguerite, qui arrivait avec sa gouvernante.

— Je n’en sais rien, répondit Marguerite ; j’obéis à un ordre général.

Olga arriva bientôt en effet, ainsi que la famille du ministre, M. Stangstadius, l’ambassadeur et son monde, enfin tous les hôtes de Waldemora, en habit de voyage et la plupart fort maussades d’être retenus au moment de partir, ou empêchés de continuer leur somme. On murmura beaucoup, on maudit la lugubre cloche qui eût bien pu attendre, disait-on, que tout le monde fût en route.

— Mais qu’y a-t-il ? que nous veut-on ? disaient les douairières ; le baron a-t-il donné l’ordre qu’on dansât encore ici après sa mort, ou bien sommes-nous condamnées à le voir sur son lit de parade ? Je n’y tiens pas, moi, et vous ?

— Quel est donc ce jeune homme qui sort d’ici ? dit l’ambassadeur à la comtesse d’Elvéda : n’est-ce pas notre jeune drôle ?

— Oui, c’est notre aventurier, répondit-elle. Il vient de recevoir un billet. Il paraît que la consigne qui nous retient ici ne le concerne pas.

En effet, Christian venait de recevoir un mot de M. Goefle, qui lui disait : « Allez-vous-en au Stollborg, et habillez-vous vite comme vous étiez au bal d’avant-hier ; vous nous attendrez dans la salle de l’ourse. Faites dégager l’escalier et cacher la brèche sous les grandes cartes. »

On apporta le thé et le café dans la galerie des chasses, et un quart d’heure après toutes les personnes désignées par le major et le ministre, ainsi que les héritiers et une partie des serviteurs et des principaux vassaux du domaine, se mirent en route pour le Stollborg, dont Christian, convenablement vêtu, fit les honneurs avec l’aide de Nils, des dannemans père et fils, et d’Ulphilas, qui avait été mis en liberté après quelques heures de prison. Disons ici qu’il n’a jamais su pourquoi M. Johan lui avait infligé cette peine, n’ayant compris, ni avant, ni pendant, ni après, les événemens accomplis au Stollborg.

XX.

Quand toute l’assistance fut réunie, le major donna lecture et communication de toute l’affaire relative à l’assassinat projeté sur la personne de Christian, et les prisonniers appelés à comparaître, se voyant perdus par l’emprisonnement de Johan et la mort du baron, se défendirent si mal que leurs dénégations équivalurent à des