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sont ici, et qu’aucune ne reste ou ne se retire par une autre porte. Monsieur le ministre, veuillez passer le premier avec M. le docteur Stangstadius et le médecin de M. le baron.

Puis, Christian lui désignant le vieux comte de Nora et son fils, qui avaient manifesté l’intention loyale de le protéger, le major les invita à passer librement, et leur témoigna de grands égards en les interrogeant à leur tour.

L’instruction des faits fut très minutieuse ; mais le major n’attendit pas qu’elle fût complétée pour céder au désir impatient de Christian et de M. Goefle, en donnant l’ordre d’aller délivrer le vieux Stenson, que Jacob déclarait avoir vu avec douleur conduire à la tour une heure auparavant. Christian voulait y courir aussitôt ; le major s’y opposa, et, sans lui donner l’explication de sa conduite, il ordonna que Stenson fût immédiatement ramené au Stollborg et réintégré dans sa résidence avec tous les égards possibles, mais sans communiquer avec personne, et cela sous les peines les plus sévères contre quiconque enfreindrait cette consigne. Puis, à la place de Stenson, il fit conduire à la prison du château Johan et quatre laquais qui furent déclarés par le ministre avoir voulu attenter à la vie de Christian. Ceux qui s’étaient contentés de l’injurier et qui s’empressèrent de nier le fait furent admonestés et menacés d’être déférés à la justice, s’ils tombaient en récidive.

Ils n’en avaient nulle envie. Malgré le petit nombre d’hommes que le major avait en ce moment autour de lui, on sentait qu’il avait le droit et la loi pour lui, en même temps que le courage et la volonté. On devinait bien aussi, à son attitude, qu’il avait fait avertir le reste de sa compagnie, et que d’un moment à l’autre l’indelta se trouverait en force au château.

En l’absence de tout autre magistrat, puisque le défunt châtelain avait assumé sur lui, par ses priviléges, toute l’autorité du canton, et qu’il se trouvait sans successeur jusqu’à nouvel ordre, le major se fit assister du ministre de la paroisse comme autorité civile et morale, et de M. Goefle comme conseil. Il se fit apporter toutes les clefs et les remit à Jacob, qu’il constitua majordome et gardien de toutes choses, en lui attribuant l’assistance spéciale de deux soldats pour se faire respecter des autres serviteurs de la maison en cas de besoin. Il confia au médecin le soin de veiller aux funérailles du baron, et déclara qu’il allait, avec le ministre, M. Goefle, le lieutenant et quatre témoins nommés à l’élection des héritiers, procéder à la recherche du testament, bien que Johan eût déclaré que le baron n’avait pas testé.

Les héritiers, d’abord très effrayés et très irrités, s’étaient calmés en voyant que ni le major, ni M. Goefle, ni Christian ne parlaient d’un nouveau compétiteur. Ils étaient environ une douzaine, tous