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trop se hasarder, que les mots seuls d’équivalent mécanique de la chaleur sont gros de découvertes.

Le premier physicien qui ait cherché à constater expérimentalement la loi d’équivalence de la chaleur et du travail dynamique est M. Le professeur Joule, d’Edimbourg : voici quel procédé il mit en usage. Il mesura l’effort nécessaire pour produire un certain frottement ; celui-ci était employé à engendrer une certaine quantité de chaleur, qui, de son côté, était directement mesurée. M. Joule varia cette expérience de plusieurs manières en employant des substances diverses ; il déduisit de ses diverses observations un nombre à peu près constant, qu’il adopta pour représenter l’équivalent mécanique de la chaleur. Cette concordance ne laisse pas d’être très remarquable dans un genre de recherches aussi délicat, où les mesures ont besoin d’être soustraites à l’influence d’une foule de causes d’erreur.

Bien que les expériences de M. Joule eussent été conduites avec beaucoup de soin, les résultats qu’elles firent connaître avaient une telle portée, qu’on crut nécessaire de les soumettre à de nombreuses vérifications. Plusieurs physiciens se sont chargés de ce soin ; nous nommerons MM. Favre et Person en France, le docteur Quintus-Icilius à Hanovre. Les chiffres qu’ils ont trouvés ne diffèrent pas assez de ceux de M. Joule pour qu’il ne soit point permis de mettre les différences au compte des erreurs et des difficultés inséparables d’un tel sujet d’expériences. Parmi les méthodes employées pour déterminer l’importante donnée dont la physique s’occupe en ce moment, il convient d’en citer une qui a été fournie par l’électricité voltaïque, parce qu’elle fait ressortir d’une admirable manière le principe fécond de la corrélation des forces physiques. Quand un circuit électrique est parcouru par un courant, il se développe en ses diverses parties une certaine somme de chaleur, en rapport, ainsi que le physicien genevois M. de La Rive l’a démontré, avec la quantité d’action chimique mise en jeu par la production du courant : qu’on oblige celui-ci à accomplir, en un point particulier du circuit, un travail dynamique, ce qui peut se faire d’une infinité de manières, aussitôt la quantité de chaleur répandue dans le courant s’abaissera d’une quantité exactement proportionnelle à l’effort extérieur qui aura été vaincu.

M. Léon Foucault a communiqué, il n’y a pas longtemps, à l’Académie des Sciences de Paris les résultats d’une expérience très singulière, où l’on peut trouver une confirmation nouvelle de la corrélation des forces physiques, et qui pourrait, ce semble, fournir un moyen très élégant de fixer l’équivalent mécanique de la chaleur. Qu’on imprime un rapide mouvement de rotation à un anneau