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nion d’ailleurs est fortement confirmée par le fait que la chaleur se convertit dans les bons conducteurs en électricité, ainsi que nous le voyons dans les expériences thermo-électriques. Les actions magnétiques sont inséparables des actions électriques, et ne différant, comme elles font, qu’en direction, les unes agissant perpendiculairement aux autres, il serait bien étrange qu’elles dussent être rapportées à des substances matérielles différentes. Quiconque enfin connaît les recherches électro-chimiques de notre siècle verra aisément combien elles ont modifié nos idées sur les actions chimiques, et par conséquent sur les combinaisons et la formation des corps que l’expérience journalière nous fait rencontrer. »

Le savant ouvrage de M. Grove peut servir de commentaire à ces remarquables lignes ; on y trouve rapportées toutes les observations et les expériences qui démontrent la corrélation des forces naturelles, ainsi que les tentatives qui ont été faites pour la soumettre à une mesure rigoureuse. La science n’a pas seulement besoin de savoir que la chaleur est capable de produire de l’électricité, il faut qu’elle sache exactement combien d’électricité elle peut engendrer avec une quantité donnée de chaleur ; après avoir déterminé des unités précises pour la mesure des forces naturelles, il faut qu’elle les compare et détermine la loi d’équivalence qui les unit deux à deux.

La physique, il faut le dire, n’est qu’à peine engagée dans la voie de ces difficiles recherches ; beaucoup d’esprits hésitent même à s’y aventurer par un reste de méfiance envers les principes qui servent de base à la doctrine nouvelle. Quant à ceux qui n’hésitent pas à considérer tous les phénomènes physiques comme dus à des mouvemens de la matière, ils n’ont plus qu’à leur appliquer les lois ordinaires de la dynamique. Une impulsion, une fois donnée, ne peut être anéantie ; se propageant sans fin, sans être renforcée ni affaiblie, elle se révèle à nous sous la forme tantôt de lumière, tantôt de chaleur, tantôt d’électricité, tantôt en imprimant aux corps un mouvement de translation visible : c’est pendant cette dernière phase qu’elle devient le mieux accessible à nos mesures. Cette transformation finale, obtenue pour toutes les forces physiques, permet d’établir avec rigueur la relation d’équivalence qui les rapproche.

Il n’est point d’agent physique que nous ne puissions contraindre à mettre une masse en mouvement, à soulever un poids, à vaincre un effort mesurable ; mais la chaleur nous fournit les moyens les plus commodes pour comparer les forces qui entretiennent les vibrations invisibles des molécules à celles qui impriment un mouvement général à la masse des corps eux-mêmes. Des travaux tout récens