Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’HOMME DE NEIGE

septième partie.[1]

XIV.

Le traîneau du danneman, moins léger que celui dont le major s’était servi pour conduire Christian au chalet, était heureusement plus solide, car le jeune Dalécarlien ne daignait éviter aucune roche ni aucun trou. Au lieu de laisser au cheval, plus intelligent que lui, le soin de se diriger selon son instinct, il le frappait et le contrariait au point de rendre la course stupidement téméraire. Christian, couché au milieu des quatre ours, les deux morts et les deux vivans, se disait qu’il tomberait assez mollement, s’ils n’étaient pas lancés d’un côté et lui de l’autre. Impatienté enfin de voir maltraiter le cheval du danneman sans aucun profit pour personne, il prit les rênes et le fouet assez brusquement, en disant au jeune garçon qu’il voulait s’amuser à conduire, et d’un ton qui ne souffrait guère de réplique.

Olof était assez doux, il ne faisait le terrible que par amour-propre, pour se poser en homme. Il se mit à chanter en suédois, autant pour se désennuyer que pour montrer à son compagnon qu’il prononçait la langue mère plus purement que les autres membres de sa famille. Cette circonstance détermina Christian à le faire causer. — Pourquoi, lui dit-il, n’es-tu pas venu avec nous quand nous sommes partis pour la chasse ? N’as-tu encore jamais vu l’ours debout ?

  1. Voyez les livraisons du 1er et 15 juin, du 1er et 15 juillet, du 1er et 15 août.