tés de la session, notamment pendant les discussions relatives à l’Inde, que lord Stanley a conduites avec un tact, une mesure, une connaissance des choses et une intelligence des dispositions de la chambre qui n’ont point été mises un seul instant en défaut. De leur côté, M. Disraeli et lord Stanley ont fait à l’opinion libérale des concessions marquées. On leur a su gré d’avoir aboli la qualification, en d’autres termes le cens d’éligibilité auquel étaient soumis les membres de la chambre des communes; ils ont vaincu les préjugés de leur parti, hostiles à l’admission des Juifs dans le parlement, préjugés qui avaient pour organes au sein du ministère le premier, le propre père de lord Stanley, lord Derby; le lord chancelier, lord Chelmsford, le ministre de l’intérieur, M. Walpole, etc. Enfin ils font espérer pour la session prochaine le règlement de la question des church-rates et un bill de réforme électorale.
Ces espérances données au parti libéral ont coïncidé avec des succès diplomatiques dont l’opinion anglaise a su grand gré au ministère de lord Derby. Il est inutile d’insister sur le tact avec lequel ce ministère a su ménager ses relations avec la France dans les circonstances délicates où il a pris le pouvoir. L’affaire des mécaniciens anglais retenus à Naples et de la restitution du Cagliari, rapidement terminée, était un avantage remporté devant le public sur lord Palmerston et lord Clarendon, qui l’avaient laissé traîner pendant plusieurs mois avec un décousu et une mollesse inexplicables. Le rapide apaisement du conflit américain a été accueilli avec une égale faveur. L’opinion reconnaît maintenant à lord Malmesbury, qu’elle avait bafoué impitoyablement en 1852, des titres sérieux à la direction de la diplomatie anglaise, titres consacrés aujourd’hui par une suite de négociations promptes, intelligentes et heureuses. Lord Malmesbury est secondé aux affaires étrangères par un homme nouveau, M. Seymour Fitzgerald, membre de la chambre des communes, dont il a gagné rapidement l’estime et la faveur par la netteté de son langage, par l’esprit clairvoyant et résolu dont il a fait preuve dans les discussions relatives aux affaires étrangères. Les choix qu’a faits d’ailleurs lord Derby pour les fonctions qui associent leurs titulaires au gouvernement sans leur donner accès dans le cabinet ont obtenu l’approbation générale; on aime en Angleterre à voir arriver de bonne heure aux affaires les hommes de talent. L’on y a toujours reproché aux whigs le cercle étroit de parens ou d’amis intimes dans lequel ils concentraient le gouvernement comme dans une coterie de famille. L’inconvénient de cette jalousie dans la distribution des fonctions politiques, c’est d’y éterniser des médiocrités ennuyeuses et de désespérer les hommes jeunes qui se vouent aux affaires publiques. Lord Derby n’est point tombé dans cette faute, trop souvent commise par les whigs. Outre M. Seymour Fitzgerald, il a introduit dans son ministère trois jeunes gens dont le public avait déjà reconnu le mérite : M. Hardy, lord Donoughmore et lord Carnarvon. C’est un de ses actes qui ont été le mieux vus. L’on s’accorde maintenant à reconnaître même dans la presse libérale, qui combat encore le cabinet tory, que ce ministère est fortement constitué, qu’il esc assis sur une large base (broad bottom), et qu’il réunit une association d’hommes d’un talent éprouve. Évidemment les whigs sont pour longtemps écartés du pouvoir, à