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Heureusement l’intelligente activité de nos agriculteurs donne lieu d’espérer qu’on traversera cette saison de grande pénurie des fourrages sans que le pays subisse un trop grand affaiblissement dans ses ressources en substances alimentaires du règne animal. Celles de nos subsistances qui dépendent des récoltes de céréales ne semblent pas d’ailleurs devoir être compromises : le blé ne fera pas défaut en 1858. En effet, tandis que le développement des feuilles et des tiges de la plante s’arrêtait par l’action naturelle de la sécheresse prolongée, et qu’ainsi la paille demeurait courte, les actes de la floraison et de la fructification ont pu s’accomplir; les grains sont arrivés au terme de la maturité, échappant vers la fin de la végétation à un danger imminent jusque-là, faute de l’humidité indispensable au développement du périsperme amylacé. En réalisant les produits d’une récolte moyenne, on aura constaté une fois de plus que généralement en France une année de sécheresse, si elle n’amène pas toujours l’abondance, entraîne bien rarement à sa suite la disette des grains. La vigne a été plus favorisée encore par la température que les céréales, et l’abondance des grappes, la précocité du fruit, tout annonce qu’en 1858 nous aurons une année exceptionnelle, au double point de vue de la quantité et de la qualité des vins.

Espérons que la situation présente reportera au-delà de 1858 nos préoccupations et nos efforts. Parmi les améliorations à réaliser dans l’avenir pour échapper aux chances désastreuses dont les longues sécheresses menacent la conservation de notre bétail, il faudrait compter au premier rang un système général d’irrigations qui, en France comme en Algérie, assurerait la récolte des fourrages, et pourrait doubler les productions de nos diverses cultures, tout en amoindrissant beaucoup les dangers des inondations locales. Quel que soit d’ailleurs le résultat des récoltes de 1858 en France comme en Algérie, il est un fait qui nous paraît acquis dès à présent : c’est d’une part l’heureuse direction donnée dans notre colonie à la culture des céréales et de quelques végétaux alimentaires, de l’autre la nécessité bien évidente de quelques réformes et d’une plus grande extension dans la culture de la vigne, des oliviers et des plantes fourragères sur le sol africain. Ces conditions étant remplies, il est à croire que l’Algérie saura non-seulement maintenir, mais étendre encore la position si élevée qu’elle a déjà su acquérir dans nos concours industriels et agricoles.


PAYEN, de l’Institut.