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rable. Enfin toutes les préparations alimentaires que l’on obtient des blés durs sont douées d’une faculté nutritive plus grande, à poids égal, que les préparations du même genre obtenues des blés tendres. L’administration française, comprenant les avantages qu’offrent les farines de blés durs, en a prescrit l’usage pour la nourriture de nos soldats, offrant par cette sage mesure un utile exemple à la boulangerie civile.

Quant aux résultats commerciaux de la culture des céréales en Algérie, on en peut juger en se rappelant qu’en 1854 nous avons importé de notre colonie africaine 304,941 hectolitres de céréales et 4,969,694 kilog. de graines légumineuses, dont la valeur totale dépassait 39 millions de francs. Les importations se sont élevées en 1855 à 1,339,592 hectolitres de céréales et à 3,305,029 hectolitres de légumineuses desséchées, représentant une valeur totale de 41,640,183 fr. Et cependant les améliorations qu’il a été possible d’introduire dans les cultures algériennes durant le petit nombre d’années d’une colonisation tranquille ont eu bien peu d’importance relativement aux vastes étendues de territoire incultes encore ou livrées au labour superficiel des Arabes. En effet, c’est depuis six années à peine, nous l’avons dit, que les colons ont pu donner quelque extension à leurs ensemencemens, et jusqu’à l’époque de la loi des douanes, loin de pouvoir subvenir en une mesure quelconque aux approvisionnemens de la France, notre colonie tirait de l’étranger une grande partie des blés nécessaires à l’alimentation de ses habitans.

Telles sont les ressources que nous offre l’Algérie en légumes et en céréales. Il nous reste à parler d’un troisième ordre de produits, ceux de l’arboriculture, dont quelques-uns tiennent déjà une assez grande place dans le commerce de l’Algérie avec la métropole[1]. On a pu admirer à l’exposition de 1858 des oranges, des limons, des cédrats magnifiques, de beaux régimes de bananes, des nèfles du Japon d’un aspect agréable, d’une saveur douce et fraîche, des raisins à grandes grappes et à gros grains sucrés, comparables aux raisins de nos départemens méditerranéens et de l’Espagne. Cependant la question la plus intéressante que soulève l’arboriculture en Algérie est celle de la vigne, dirigée en vue de la production du vin. Ici malheureusement nous ne pouvons tout à fait approuver nos colons. Loin de suivre les bons exemples de la viticulture française,

  1. Les oranges et les citrons, par exemple. L’importation de ces fruits s’est élevée en 1856 à 558,505 kilos. Les importations de fruits desséchés venus d’Afrique se sont élevées la même année à 75,884 kilos. Outre les oranges douces directement comestibles, on trouve en Algérie les oranges amères propres à la préparation de certaines liqueurs. Les fleurs du bigaradier servent dans le pays même à la fabrication d’eaux distillées à odeur suave.