Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 16.djvu/945

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques réflexions sur l’utilité de pareilles institutions, qu’on aimerait à voir se propager en France comme en Angleterre. Répandre les connaissances techniques nécessaires à l’appréciation des alimens au double point de vue de l’économie et de la santé, ce doit être, à mon avis, une des plus sérieuses préoccupations de la science moderne. J’ai déjà cité ici même quelques exemples des services que peut rendre la science intervenant dans certaines questions alimentaires, dans celles entre autres que soulève la fabrication du pain[1]. A côté de nos cours publics, qui ont si heureusement favorisé cette direction nouvelle de la science, à côté de nos conseils d’hygiène et de salubrité, la création d’établissemens comme celui de Londres contribuerait efficacement à multiplier les applications des données scientifiques à l’économie industrielle et à l’alimentation générale. L’exposition permanente de Londres offre en effet aux professeurs de chimie, d’hygiène et de physiologie de puissans moyens de démonstration. On y peut étudier chacun des alimens en usage chez les divers peuples et les principaux élémens dont il se compose, dans les proportions, avec les caractères extérieurs que l’analyse chimique leur assigne et les indications du rôle spécial qui leur est attribué dans la nutrition. Ce n’est pas tout : on a voulu indiquer, par les quantités réelles des substances palpables employées, les différens modes de préparation et les méthodes de conservation que recommandent des résultats si importans aux points de vue divers de l’alimentation salubre et économique, de l’approvisionnement des places fortes, des munitions propres aux armées de terre et de mer, comme aux voyageurs de toutes les classes. Les promoteurs de cette utile entreprise se sont enfin proposé d’offrir à tous une sorte de tableau synoptique, formé par les objets eux-mêmes, des rations alimentaires adoptées dans les divers pays. En présence d’une pareille exhibition, il deviendra facile de montrer la raison des régimes particuliers aux populations des contrées froides et des pays chauds, des rations appropriées aux différentes classes plus ou moins laborieuses de la société; mais aussi ces faciles comparaisons feront bien mieux juger des abus, par excès ou par défaut, de nourriture ou de boisson qu’on peut signaler sous les diverses latitudes et des graves inconvéniens qu’ils entraînent.

Revenons aux blés d’Algérie. C’est dans une exposition de ce genre, avons-nous dit, qu’on voudrait les voir figurer. Les belles variétés de nos blés tendres et de nos blés durs devraient être mises en regard. On remarquerait alors entre les grains volumineux et

  1. Revue du 15 octobre 1855.