cinq cents hommes (un cinquième de son effectif)[1], l’armée de secours apportait certainement le salut, mais non pas la délivrance immédiate. Les soldats qui la composaient avaient rêvé sans doute une triomphale entrée à Lucknow et la déroute soudaine des cipayes épouvantés ; mais ils comptaient sans ce génie tenace des Hindous qui, par l’obstination, essaie de suppléer au courage. Partout où il croit pouvoir demeurer sans trop de périls, Baba log attend qu’on l’expulse de vive force. Dès le lendemain du jour où les soldats de Havelock et d’Outram eurent pénétré au cœur de Lucknow, ils se sentirent bloqués comme l’étaient la veille ceux qu’ils venaient délivrer. La ceinture de feu, quelque peu élargie, entourait, non plus seulement la résidence, mais les palais voisins, militairement occupés, et que leurs nouveaux hôtes s’appliquèrent immédiatement à fortifier. Toute communication avec le dehors se trouva rompue, et la petite garnison laissée à l’Alumbagh avec le gros des bagages et des approvisionnemens s’y vit, elle aussi, parfaitement cernée. On en fut réduit, pour communiquer avec elle, à inventer un système fort imparfait, paraît-il, de langage télégraphique. À la rigueur, on aurait pu l’aller rejoindre, en laissant à la résidence un renfort de trois ou quatre cents hommes ; mais comme il eût fallu y laisser aussi les blessés, en nombre considérable, qui ne pouvaient se transporter, le secours eût été presque dérisoire, compensé surtout par l’augmentation des bouches à nourrir et l’insuffisance numérique de la garnison pour tout ce qui lui restait à faire. De plus la retraite exigeait de nouveaux combats, imposait de nouvelles pertes. Enfin que ferait-on dans l’Alumbagh des femmes et des enfans qu’on y aurait transférés, et qui n’y trouveraient pas les approvisionnemens indispensables ? Cette idée fut donc abandonnée. La prise de Delhi, qu’on apprit le 10 octobre, faisait espérer de prompts renforts. On résolut de les attendre. Peu à peu, à la suite de sorties nombreuses, la ligne de défense s’étendit. On détruisit celles des batteries ennemies qui gênaient le plus. On disposait de bras nombreux, qu’on utilisa pour les ouvrages de défense, tranchées, mines, contre-mines, etc. Dans cette seconde période du siège, l’ennemi ne poussa pas moins de vingt mines sous les murs des palais nouvellement occupés, et, au rapport de sir James Outram, la défense exécuta vingt et un puits, comprenant une profondeur de 209 pieds, et 5,291 pieds de galeries souterraines. Ces chiffres donnent une idée de l’activité qu’on déployait de part et d’autre.
Comme on le pense bien, après les premières journées d’enthousiasme, la vie des assiégés avait repris son caractère monotone et
- ↑ Le rapport de Havelock dit cinq cent trente-cinq hommes tués, blessés ou manquant.