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UNE CAMPAGNE
DANS
L’OCÉAN PACIFIQUE

L’EXPÉDITION DE PETROPAVLOSK



Pendant la durée de la dernière guerre, l’attention publique, on le conçoit sans peine, s’est exclusivement concentrée sur la Crimée, et tous les regards, à peine détournés par les événemens dont la Baltique fut le théâtre, se dirigeaient avec avidité vers la chétive presqu’île où se succédaient les sanglantes péripéties d’un siège héroïque. Il en devait être ainsi : à l’armée revenait de droit le principal honneur de cette guerre, dont par suite les chroniqueurs ont d’abord été presque exclusivement militaires. Toutefois, cette part largement faite, on doit reconnaître qu’à moins d’envisager incomplètement les faits, il est nécessaire d’étudier également le rôle obscur et sacrifié rempli par la marine avec un dévouement que rien ne put lasser ni rebuter, et sous ce rapport l’histoire de nos escadres dans la Baltique et la Mer-Noire devenait l’occasion d’un de ces actes de justice dans lesquels se complaît l’écrivain. C’est aussi une sorte de réhabilitation maritime que nous voulons entreprendre; mais notre tâche sera plus ingrate. Acteur obscur d’un des épisodes les plus ignorés de cette guerre, nous aurons à raconter le seul revers qui ait marqué la lutte des alliés contre la Russie; au lieu des éclatantes victoires qui marquèrent partout ailleurs cette courte et glorieuse période de deux ans, nous n’aurons à enregistrer qu’une série d’opérations dont les résultats expliquent suffisamment le demi-jour où on les a laissées. Tout excusables que soient les