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THOMAS BROWNE
LE MÉDECIN PHILOSOPHE DE NORWICH

The Works of sir Thomas Browne (Œuvres de sir Thomas Browne), éditées par Simon Wilkin F. L. S. 3 vol., Londres 1852.

II.
UNE ÉPOQUE DE TRANSITION MORALE.



I.

En fouillant dans ce curieux répertoire d’érudition et de connaissances de toute sorte qui s’appelle la Pseudodoxia[1], mon intention n’a pas été d’y puiser des titres pour présenter Browne comme un savant. Quoiqu’il ait beaucoup observé et beaucoup fait pour discréditer les anciennes erreurs, la passion pour l’étude de la nature n’est pas le trait principal de son esprit. Sans sortir de la Pseudodoxia, nous avons déjà pu voir à quel point son besoin de connaître et de comprendre était doublé d’un autre instinct qui ne se contentait nullement des conclusions prudentes où l’on peut arriver dans l’étude ordinaire des phénomènes. Nous avons remarqué dans ses théories un penchant décidé vers la métaphysique chimérique du passé, vers ces opinions singulières que les siècles primitifs avaient imaginées à priori pour satisfaire immédiatement les innombrables exigences de leur curiosité. En réalité, dans la part que Browne a prise au mouvement des sciences à son époque, ce qui le désigne à l’attention, ce n’est pas l’importance des services qu’il a

  1. Voyez la livraison du 1er avril 1858.