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en produits minéraux, tels que le soufre, le borax, l’alun, les dépôts vastes et utiles de pouzzolane. Les cendres volcaniques, stériles d’abord, se vivifient sous l’action de l’air et des eaux, et deviennent merveilleusement favorables à la végétation, qui y puise en abondance des sels alcalins. Le paysage même se trouve embelli par ces nombreux lacs qui tiennent au sommet des montagnes la place de cratères éteints. En d’autres points, les eaux ont abandonné les cônes à moitié démantelés, mais en laissant derrière elles un amphithéâtre tapissé de verdure et de végétation.

C’est à sa position péninsulaire et à son arête montagneuse que l’Italie doit son climat doux et salubre, sauf dans quelques parties basses et marécageuses. Ce climat est remarquablement plus tempéré que celui des autres régions d’Europe qui ont la même latitude moyenne, grâce à l’influence de la mer, qui s’échauffe moins en été et se refroidit moins en hiver que la terre. Les montagnes, qui en hiver abritent l’Italie contre les vents du nord, conservent fort tard leurs neiges en été, et entretiennent ainsi des cours d’eau qui vont rafraîchir la plaine; elles arrêtent de plus les nuages chassés de l’océan, et rendent ainsi les pluies d’orage heureusement fréquentes. Dans les écoles où l’on enseigne que nos chaînes de montagnes ne sont que de mesquines rugosités de la terre, à peine comparables aux aspérités d’une peau d’orange, on ne leur rend pas réellement la justice qui leur est due. Il est évident que si elles n’existaient pas, si les continens étaient unis comme les mers, la température et la végétation de notre globe seraient bien changées. Notre hémisphère serait sans cesse balayé, l’hiver par les vents du nord furieux et glacés, l’été par les vents brûlans du sud; aux momens de transition, leur lutte amènerait des ouragans aussi terribles que ceux qui désolent l’Océan-Pacifique, Dans ces conditions, la grande végétation disparaîtrait; la nature conserverait à peine quelques arbustes et quelques plantes vivaces. On sait quel aspect de désolation présentent les plaines de la Russie; que serait-ce si tous les continens étaient dépouillés de ces bienfaisantes aspérités!

Certes, s’il s’est trouvé un pays destiné à être uni politiquement, c’est cette péninsule tout entourée de mers ou de montagnes; pourtant il n’en est rien. Les richesses naturelles de cette terre y ont attiré en tout temps des bandes étrangères qui, occupant le sud, le centre ou le nord, ont entretenu les haines, les rivalités entre les petits états italiens, et ont de la sorte détruit toute nationalité. En attendant une unité politique possible peut-être, mais certes lointaine, l’union, la confédération commerciale de tous ces états serait du moins aussi praticable qu’avantageuse. La législation douanière lèse le plus souvent les productions et les industries les plus