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Céphalonie, encombrée en partie de rochers arides, n’offre à l’agriculture qu’une étendue bornée de terres cultivables, dont, il est vrai, la fertilité est singulière.

Zante, située au sud de Céphalonie, dont elle n’est séparée que par un cariai de quatre lieues, semble de toutes les Iles-Ioniennes la plus favorisée de la nature. Cette île, qui est d’une forme semi-circulaire et dont les roches pittoresques font face, vers l’orient, à la Morée, a une circonférence d’environ vingt lieues ; elle s’étend de quatre à cinq lieues en largeur et de six à sept lieues en longueur. Tous ceux qui ont visité la Grèce en parlent avec admiration. Robert la nomme l’île d’or ; Spon dit que Zante est un paradis terrestre ; George Wheler affirme que cette île est un des pays les plus délicieux et les plus fertiles qu’il ait vus. Aussi les Italiens ont-ils donné à la patrie du célèbre Ugo Foscolo le nom poétique de fîor di Levante. Elle doit, il faut l’avouer, sa réputation de fertilité à une plaine assez bornée, environnée de montagnes où’ se concentre la chaleur du soleil. Zante produit le vin, les céréales et l’huile d’olive ; mais le raisin de Corinthe constitue sa principale richesse : trop heureuse la fleur du Levant quand elle n’en est pas privée par des pluies intempestives. — Vient enfin Cythère, aujourd’hui Cérigo, qui apparaît au sud-est, à la pointe de la Morée, lorsqu’on a doublé le cap Matapan. Elle a vingt lieues de circonférence ; mais, sauf quelques céréales, on n’y trouve guère que des rochers stériles que fouettent souvent des vents terribles. Aussi une population pauvre vit-elle dans ses trente villages et dans sa capitale, Cérigo ou Cap-sali, petite ville située à l’ouest de l’île et défendue par une forteresse.

Après avoir montré l’organisation politique de la société qui habite ce groupe d’îles si diversement traitées par la nature, il faut rechercher quel est le rôle des partis indigènes, quelles sont leurs aspirations. C’est à la chute de la domination vénitienne qu’on peut saisir dans leur premier essor les deux tendances distinctes qui partagent aujourd’hui même les populations de l’Ionie. En présence de la domination française, puis du protectorat russe, il y eut d’un côté les démocrates, pénétrés du sentiment de la nationalité, fiers des anciens souvenirs de la race hellénique, de l’autre les oligarques, ardens gardiens des traditions byzantines sur le principe d’autorité. Sous l’empire du protectorat britannique, ces deux partis ont pris d’autres noms et sont entrés dans une voie de transformation. Ils s’appellent aujourd’hui le parti conservateur et le parti de l’opposition. C’est dans leur attitude actuelle qu’il importé surtout de les étudier.

Toutes les fractions du parti conservateur s’entendent sur un point.