toute ma vie, et dans les difficiles situations d’une haute responsabilité où il a été placé, sa conduite a été exemplaire et son caractère sans reproche. » Le témoignage d’un homme aussi respectable que Thomas Erskine est confirmé par les actes des ministres de George IV, qui se signalaient, même en Angleterre, par leur antipathie pour la liberté de la presse et pour toutes les idées libérales.
Sir Frédéric Adams succéda à Maitland à une époque où l’opinion publique se prononçait de plus en plus en Occident en faveur des Hellènes. Il arriva donc à Corfou disposé à traiter avec humanité un pays où son prédécesseur avait laissé la mémoire la plus impopulaire, et où le protectorat britannique était fort discrédité par une administration brutale et inquisitoriale. Militaire loyal, quoique un peu rude, il travailla avec sincérité au bien du pays. Plusieurs mesures importantes furent prises sous son gouvernement. L’université de Corfou fut ouverte le 29 mai 1824. Le comte de Guilford en fut le premier archonte (chancelier) et bienfaiteur. C’est à ce généreux Anglais que Corfou doit sa bibliothèque, lord Guilford ayant donné à la capitale des Iles-Ioniennes une grande partie de ses livres. D’autres institutions contribuèrent au développement matériel et intellectuel des Iles-Ioniennes. On construisit des routes ; des lycées furent établis dans les villes de Corfou, de Zante et d’Argostoli. Si l’on se rappelle quel était sous les Vénitiens l’état des îles, on ne contestera pas les progrès réels accomplis sous le successeur de Maitland. Lord Nugent, sir Howard Douglas, sir Stuart Mackensie, lord Seaton, ne montrèrent pas tous la même capacité. Lord Nugent, honnête homme, esprit cultivé et philhellène décidé, rétablit l’équilibre dans les finances, et laissa dans les coffres un excédant de 126,550 livres sterling. Sir Stuart Mackensie, intelligence bornée, se brouilla avec les Ioniens et avec son propre gouvernement. Lord Seaton compléta l’organisation de l’enseignement en fondant des écoles primaires. On lui doit la liberté de la presse et des élections et la substitution de la langue grecque comme langue officielle à l’italien. Pourtant les lords haut-commissaires se firent plus d’une fois illusion sur les résultats de leur administration. C’est ainsi que sir Howard Douglas, qui gouverna l’heptarchie pendant dix ans, ne réalisa pas toutes les promesses qu’il avait faites. On écrivit contre lui une foule de brochures. M. A. Mustoxidis se fit, dans divers mémoires (1839,1840), l’organe de l’opposition[1]. « Des sociétés agricoles et industrielles, disait-il, des sociétés anonymes, des banques nationales, des desséchemens de marais, toutes choses excellentes, mais où les trouver sinon sur le papier ? Le code fait mention de maisons
- ↑ Sulla condizione attuale delle Isole Ionie, in-folio, Londres, typographie étrangère de John Morton, 1840.