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L’HOMME DE NEIGE

quatrième partie.[1]

VI.

Après quelques instans de repos, Cristiano, que nous appellerons désormais Christian, reprit son récit en ces termes :

« Cependant je ne dois pas oublier de vous dire quelle intéressante rencontre me réconcilia durant quelques jours avec le métier d’artiste ambulant. Ce fut celle d’un homme fort extraordinaire qui jouit à Paris maintenant de la plus honorable position, et dont le nom est sans doute venu jusqu’à vous. Je veux parler de Philippe Ledru dit Comus. »

— Certainement, répondit M. Goefle, j’ai vu dans mon journal scientifique que cet habile prestidigitateur était un très grand physicien et que ses expériences sur l’aimant venaient d’enrichir la science d’instrumens nouveaux d’une rare perfection. Y suis-je ?

— Vous y êtes, monsieur Goefle. M. Ledru a été nommé professeur des enfans de France : il a établi des cartes nautiques sur un système nouveau, qui est le résultat de travaux immenses, entrepris par l’ordre du roi ; il a fourni des exemplaires manuscrits de ces cartes nautiques à M. de La Pérouse. Enfin, depuis le jour où je le rencontrai sur les chemins, donnant au public le spectacle d’un pauvre savant qui répand l’instruction sous forme de divertissement, il a conquis rapidement l’estime générale, la faveur des ministres

  1. Voyez les livraisons du 1er et 15 juin, et du 1er juillet.