Vatican, œuvre méritoire d’ailleurs et digne d’être consultée en tout temps, a le caractère aujourd’hui d’une œuvre de circonstance et l’utilité d’un plaidoyer.
L’auteur de l’étude sur les Stanze n’a pas voulu toutefois entrer directement dans la polémique pour venger la cause de Raphaël. À en juger par le calme du ton et la quiétude de sa foi personnelle, on dirait presque qu’il ne soupçonne nulle part l’incrédulité et le schisme, ou que, polir faire justice des égaremens d’autrui, il lui suffit d’exposer simplement la vérité qu’il possède. Ce livre ne contient donc qu’une réfutation implicite des fausses doctrines que nous signalions tout à l’heure ; mais, si indirecte que semble la leçon, elle n’en a pour cela ni une signification plus douteuse, ni une moindre portée. S’agit-il par exemple d’expliquer, à propos de la Chambre de la Signature, ce rapprochement de deux scènes, l’une chrétienne, l’autre mythologique, dont M. Ruskin se scandalise si fort : pas un mot d’allusion aux reproches formulés par l’écrivain préraphaélite. Seulement, afin de nous prémunir contre quelque erreur analogue, l’historien de Raphaël indique en passant le véritable caractère et, même au point de vue religieux, la connexité des deux sujets. En regard de la Dispute du Saint-Sacrement, qui « résume, dit-il, la légende catholique des âges fervens,… l’École d’Athènes et le Parnasse montrent toutes les sagesses et toutes les gloires poétiques de l’humanité adoptées par le christianisme et réconciliées en son nom. » En approfondissant ainsi l’intention morale qu’exprime chaque sujet, en ajoutant à l’appréciation judicieuse de chaque détail des considérations sur l’ensemble des œuvres laissées par Raphaël au Vatican, sur les progrès successifs du maître, et sur le mouvement des idées, des faits au milieu desquels il a vécu, l’auteur de cet essai nous a donné un livre beaucoup plus instructif, beaucoup plus complet à tous égards que les travaux de simple description publiés sur les Sranze par Bellori au XVIIe siècle, et par M. Paolo Montagnani il y a trente ans.
Un autre mérite de ce livre, — mérite assez rare dans les écrits contemporains sur l’Italie, — c’est que, tout en célébrant la vigueur et la fécondité de l’art ancien, il n’accuse pas avec plus de sévérité que de raison la stérilité présente. L’auteur ne prend pas occasion de l’admiration que lui inspirent les grands maîtres de la renaissance pour outrager leurs derniers descendans, pour signaler, comme on le fait d’ordinaire, une débilité et une impuissance radicales là où les occasions manquent en réalité autant peut-être que les forces. Sa réserve sur ce point, ou plutôt sa sympathie, n’est que justice. Si bien déchu en effet que semble dans le domaine des arts le génie italien, il a eu cependant, même de notre temps, d’éclatans retours de grandeur. Et s’il est permis d’ailleurs de blâmer