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LES
PRERAPHAELITES
A PROPOS
D'UN TABLEAU DE RAPHAEL

I. Essai sur les Fresques de Raphaël au Vatican, par M. À Gruyer ; Paris, 1858. — II. Modem Pointers, Lectures on Architecture and Painting, Pre-Raphaelitism, par M. Ruskin ; Londres 1851-1855. — III. Pre-Raffaellilism, par le rév. Edward Young, 1857.



Si jamais homme a eu le privilège de captiver sans relâche les regards de la postérité, s’il est un maître dont les œuvres semblent dès longtemps classées avec exactitude et les progrès successifs définitivement constatés, c’est à coup sûr le peintre, illustre entre tous, du Sposalizio et des Stanze, des vierges et de la Transfiguration. L’immense célébrité qu’il obtint de son vivant, la sympathie qu’inspirent, même aux générations qui surviennent, la beauté de l’âme et du corps, les glorieux et charmans souvenirs d’une vie trop tôt brisée, — tout devait concourir à préserver Raphaël de l’indifférence ou des méprises de l’histoire ; tout assurait à la mémoire du divin artiste, comme aux moindres travaux qu’il a laissés, une popularité exceptionnelle. Cependant telle a été l’incroyable fécondité de ce pinceau que, de nos jours encore, elle se manifeste par quelque témoignage imprévu, par quelque admirable morceau échappé jusqu’ici aux traditions et aux catalogues. Telle est, d’autre part, l’éternelle nouveauté des œuvres du maître le plus universellement connues, qu’il reste toujours quelque chose à découvrir et à louer là même où les commentaires semblaient désormais superflus et