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encore arrivé à aucune solution satisfaisante, et l’on n’a pu réussir à vaincre les obstacles nombreux que présente la configuration des montagnes de cette région. On ne traversait jadis le lac Baïkal que sur de simples bateaux ; récemment on a construit des bateaux à vapeur qui rendent de très grands services comme remorqueurs.

Les marchands chinois rencontrent de leur côté de très grands obstacles pour transporter au cœur du Céleste-Empire les marchandises qu’ils achètent à Kiachta. Ils comparent, dans leurs discours, la région située entre cette ville et Péking au dos d’un chameau à deux bosses. Ils ont à traverser deux chaînes de montagnes élevées, et, dans l’intervalle qui les sépare, la plaine sablonneuse qui porte le nom de plateau de Gobi. On a souvent prétendu que le gouvernement chinois avait choisi la route commerciale du Baïkal comme la plus longue et la plus incommode ; mais cette accusation ne paraît pas fondée. Le chemin de Sémipolatinsk à Péking, qu’on a quelquefois proposé d’y substituer, est hérissé d’obstacles, et traverse le désert du Gobi sur une longueur beaucoup plus grande que la route de Kiachta à Péking.

Toute la partie du gouvernement d’Irkoutsk qui est située entre le lac Baïkal et la Chine a été en 1851 érigée en un district particulier sous le nom de Transbaïkalie. Cette province est destinée à prendre une très grande importance ; c’est là que prennent naissance les rivières qui, en se réunissant, forment l’Amour, ce magnifique fleuve dont la Russie vient d’annexer le bassin à ses possessions asiatiques. Les frontières de la Transbaïkalie ne sont pas encore nettement arrêtées. De nombreux colons sont aujourd’hui fixés dans les vallées de cette montagneuse région. En 1851, la population s’y élevait à 327,908 habitans ; sur ce nombre, 183,071 sont dans le district de Wereshne-Udinsk, qui est sur la Selenga, entre Irkoutsk et Kiachta, et 144,310 dans le district de Nertschinsk, célèbre par la richesse de ses mines.

L’Angara, qui sort du lac Baïkal, forme avec l’Iéniséi, dans lequel il va se jeter, une vallée d’une immense longueur : d’Irkoutsk à l’embouchure du fleuve, il y a plus de 5,000 kilomètres. La pente moyenne des eaux sur cette immense étendue n’est que de 8 centimètres par kilomètre : aussi le cours en est-il assez lent. Pourtant l’on trouve sur l’Angara plusieurs rapides dangereux dans des défilés où le fleuve est encaissé entre des rives à pic très rapprochées. Pendant l’été, on descend l’Iéniséi avec des bateaux, tantôt en usant de rames, tantôt avec la voile, en profitant des vents favorables ; au retour, on se fait traîner, suivant les latitudes, par des hommes, des chevaux ou des chiens.

À partir de l’Iéniséi, la plaine sibérienne cesse d’être unie ; elle