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seyait si bien. Persévérant aussi longtemps qu’il lui fut possible dans cette politique d’apaisement, il alla bientôt jusqu’à ordonner[1] aux pasteurs et aux fidèles un silence complet sur toutes les matières controversées, singulière tentative renouvelée sans succès sous le règne de Louis XV, parce qu’il est encore plus difficile de supprimer les questions par le silence que de les résoudre par la force. Au bout de peu de mois, le jansénisme avait débordé le régent et renversé toutes les barrières que ce prince entendait le contraindre à respecter. L’appel de la bulle Unigenitus au futur concile, provoqué par quelques évêques, agité dans les écoles et jusque dans les carrefours, ouvrait pour la France la double perspective d’un schisme et d’une grande crise sociale. Le duc d’Orléans se trouva donc logiquement conduit par l’intérêt de sa propre situation à reporter sur les molinistes la protection qu’il avait d’abord octroyée à leurs adversaires, et à reprendre en sous-œuvre le travail de Louis XIV aussi résolument que l’aurait fait ce monarque lui- v même. Ainsi commença par le mouvement religieux la réaction générale que nous aurons bientôt à signaler dans l’ordre civil.

Ce fut surtout dans les rapports de la régence avec le parlement que cette réaction fut prompte et sensible. Le premier soin du duc d’Orléans avait été de payer au grand corps auquel il avait demandé la sanction de son droit une dette de reconnaissance consacrée d’ailleurs par son intérêt politique. Dans l’universelle confusion qui constituait l’essence de l’ancien régime, c’était aux parlemens seuls que profitaient les fautes du pouvoir et les griefs de la nation, non que les prétentions politiques des compagnies judiciaires parussent incontestables, mais parce qu’elles seules déployaient pour les faire valoir cette courageuse persévérance, qui, en suppléant au bon droit, finit quelquefois par le créer. Relever le parlement en lui rendant la faculté de remontrances dont il avait été dépouillé en 1672, c’était inaugurer dans la principale question du temps une politique contraire à celle du précédent règne, et le mouvement qui avait porté le duc d’Orléans aux affaires lui prescrivait d’en agir ainsi. Aussi, dès le 15 septembre, une déclaration royale énonça-t-elle l’intention de « donner à la cour du parlement des témoignages publics de confiance, dans un temps surtout où les avis d’une compagnie aussi sage pouvaient être d’une si grande utilité. Il lui était en conséquence permis, dans la pensée qu’elle userait de ses anciens droits avec circonspection, de représenter au roi tout ce qu’elle jugerait à propos avant de procéder à l’enregistrement de ses édits et déclarations. »

  1. Lettre circulaire aux évêques du 5 octobre 1717.