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régiment du Don n° 67. Ces troupes graviront les hauteurs à gauche de la pente du Kilen-Balka et se formeront en bataille dans l’ordre suivant : les régimens de Tomsk et de Kolyvan se déploieront ; les deux compagnies de carabiniers couvriront leur front et leur flanc droit, le régiment de Katharinbourg se déploiera en deuxième ligne. Ces trois régimens seront aux ordres du général-major Vilbois ; les quatre derniers régimens, avec leur artillerie légère, formeront la réserve et suivront à distance convenable. La réserve sera aux ordres du général Schabokritsky. La colonne de gauche, sous les ordres du général Pavlof, franchira le pont d’Inkerman à cinq heures du matin dans l’ordre suivant : le régiment d’Okhotsk, deux compagnies de carabiniers, les régimens de Borodino et Taroutino, la batterie légère n° 3 de la 17e brigade d’artillerie, le régiment d’Yakoutsk, la batterie n° 3 de la 17e brigade d’artillerie, le régiment de Selensky, l’artillerie de réserve. Le passage du pont effectué, le régiment d’Okhotsk prendra à droite et suivra la route des Sapeurs. Le régiment de Borodino, avec les deux compagnies de carabiniers, gravira le ravin qui se trouve à droite du pont. Le régiment de Taroutino suivra la vieille route de poste. Ces régimens, arrivés sur la hauteur, feront halte. Les hauteurs une fois occupées, le général Dannenberg prendra le commandement en chef des deux colonnes. »


Au moment d’engager l’action, les régimens de Kolyvan, Tomsk et Katharinbourg, de la colonne de droite, et les régimens de Taroutino et Borodino, de la colonne de gauche, devaient donc se déployer sur l’espace compris entre les pentes qui forment le revers de la vallée de la Tchernaïa et les tranchées anglaises. Cet espace, d’environ trois kilomètres, est coupé en écharpe par le Kilen-Balka, ravin profondément encaissé, qui prend naissance au sommet du plateau et va se jeter dans la grande baie, près du faubourg de Karabelnaïa, où il forme la petite baie du Carénage. Dans cet ordre de bataille, les deux colonnes étaient séparées par le ravin. L’instruction particulière n° 1521 envoyée au général Soïmonof l’avant-veille de la bataille indiquait aussi clairement que possible la position que devait occuper ce général. « Vous tiendrez votre réserve, y est-il dit, en arrière de votre aile droite dès que votre aile gauche sera complètement appuyée au Kilen-Balka. » Les dispositions générales étaient conçues, on a pu le voir, dans le même esprit.


III.

Le moment était donc venu pour les Russes de tenter de nouveau la fortune des armes. Les troupes étaient pleines d’ardeur ; elles avaient enfin retrouvé cette confiance en elles-mêmes qui semble leur avoir fait défaut le jour de la bataille de l’Alma. « A cette époque, nous dit un témoin oculaire[1], les soldats étaient intimidés

  1. Unter den doppeln Adler (Sous le double Aigle), journal d’un chirurgien militaire allemand, Berlin 1855.