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UNE
CONVERSION AMÉRICAINE

The Convert, or Leaves from my Experience, by A. Brownson ; New-York, Edward Dunigan, 1 vol. in-8o, 1857.



Depuis quelque temps, les États-Unis nous donnent rarement l’occasion de parler d’eux. En littérature comme en politique, la grande république est loin de tenir toutes ses promesses. Chez les partis, des compromis honteux ; dans le pouvoir, des complaisances coupables ; chez les citoyens, une audace sans scrupules ; sur toutes les questions qui se présentent, les principes sacrifiés aux intérêts les moins avouables, la justice chaque jour renvoyée au lendemain, partout des transactions sans dignité où l’honneur se perd sans que la paix soit conquise : tel est le bilan de la république depuis quelques années. Voilà cependant le pays sur lequel l’humanité aimait à jeter des regards pleins d’espérance, et qu’elle chargeait d’avance de la glorieuse mission de continuer ses destinées. Hélas ! l’espérance elle-même semble aujourd’hui bannie de ce monde, et au nord comme au midi, à l’ouest comme à l’est, notre pauvre planète offre un spectacle peu réjouissant. C’est à peine si de loin en loin les doléances attristées de quelque bon et honnête citoyen, les plaintes amères de quelque esprit élevé percent ce tapage honteux et parviennent jusqu’à nous : protestations impuissantes et isolées que recouvrent bientôt le rugissement des foules et le bruit des violences. Au milieu de cette anarchie sans frein qui met au service de ses passions l’audace étonnante d’un peuple entreprenant et les puissantes ressources d’un pays comblé de dons naturels, la civili-