pour la même surface de terrain. Ce sont là sans doute des produits possibles dans notre colonie africaine, mais probablement exceptionnels chez nous, sinon quant à la quantité des graines, du moins relativement au poids des tiges, bien que plusieurs partisans trop passionnés de la plante nouvelle aient porté au-delà, sous notre climat de France, la récolte du sorgho saccharifère. M. Vilmorin évalue cette récolte à 49,300 kilos de tiges nettes donnant à 55 centièmes de leur poids 271 hectolitres de jus, équivalant à 2,169 kilos de sucre cristallisable qu’on en pourrait extraire. Le même agronome porte le rendement moyen d’un hectare cultivé en betteraves à 360 hectolitres de jus représentant 2,160 kilos de sucre, quantité facilement obtenue en effet chez la plupart de nos fabricans. M. Aug. Dupeyrat, directeur de la ferme école d’agriculture de Beyrie (Landes), a obtenu l’année dernière des résultats à peu près semblables : 50,000 kilos de tiges nettes, qui représenteraient, selon lui, 5,000 kilos de sucre; mais ces résultats entraîneraient une méthode de culture bisannuelle qui accroîtrait les ressources en fourrages, et semblerait avantageuse, si l’on n’avait à redouter en certaines années l’effet des gelées trop fortes, malgré même une légère couverture de fumier pailleux durant l’hiver. En supposant donc une seule récolte venue à maturité en deux ans, M. Dupeyrat porte l’équivalent du produit annuel à 2,500 kilos de matière sucrée. Ce n’est pas toutefois sans émettre en ces termes un doute parfaitement fondé, à mon avis : « Reste à savoir si au moyen de la cuite à basse température on cristallisera le jus du sorgho aussi bien que celui de la canne à sucre. »
L’extraction du sucre cristallisable du jus du sorgho présente de grandes difficultés en effet : elle ne peut se faire que dans certaines conditions toutes spéciales à cette plante, si on la compare avec la betterave, bien mieux appropriée à notre sol et à notre climat. On doit faire la récolte du sorgho en choisissant les tiges mûres qu’il faut traiter immédiatement. On observe toujours, même après la maturité, entre la partie inférieure des tiges et les mérithalles (entrenœuds), successivement plus élevés, une différence notable dans les relations entre le sucre cristallisable et les matières sucrées incristallisables ou autres qui font obstacle à la cristallisation[1]. Ce n’est pas tout, les moindres blessures aux tiges, les attaques de plusieurs insectes, d’autres causes indéterminées encore, occasionnent dans les tissus et dans le jus des altérations rapides qui développent des principes colorans difficiles à éliminer, et la transformation d’une grande partie du sucre en matière sirupeuse.
Le plus grand nombre des tiges atteignant dans un intervalle de
- ↑ Le suc de ces parties plus élevées et plus jeunes de la plante renferme des proportions de substances étrangères qui s’accroissent avec la hauteur de la plante elle-même.