de maïs, et il n’est pas improbable que des conditions non moins favorables se rencontrent dans certaines régions du midi de la France ou dans quelques parties de notre territoire algérien.
Les espérances qu’on avait conçues dans certaines contrées de la France sur l’exploitation du mais ne peuvent néanmoins entrer en comparaison avec celles qu’a fait naître le sorgho. La nouvelle plante s’est installée dans un grand nombre de nos cultures méridionales, au milieu d’un concert de prophéties louangeuses qui d’avance la signalaient à la reconnaissance des nations assez favorisées du ciel pour lui offrir un climat convenable. Cependant on doit au public la vérité : nous exposerons dans toute leur étendue et leur diversité les applications que rêvent les partisans de la plante nouvelle; nous discuterons ensuite les moyens d’obtenir quelques-uns de ces utiles résultats, en signalant aussi les chances probables de quelques désappointemens.
Voici l’énumération à peu près complète des produits qu’on pourrait obtenir du sorgho, si l’on s’en rapportait aux agronomes qui ont publié leurs observations sur cette plante : sucre cristallisé et mélasse, alcool, rhum, vin, eau-de-vie, cidre, bière, vinaigre, pain et autres préparations alimentaires analogues, fécule, thé produit avec les graines torréfiées, chocolat, cérosie susceptible de remplacer la cire d’abeilles, papier, fibres textiles propres à la confection des tissus, alimens applicables à l’entretien et à l’engraissement des animaux, ouvrages en paille colorée de nuances naturelles, substances médicinales, enfin huit principes colorans spéciaux applicables à la teinture des étoffes et produisant vingt et une couleurs distinctes. Si l’on pouvait obtenir économiquement un aussi grand nombre de produits livrables au commerce ou à la consommation, le sorgho sucré serait bien digne du nom de géant des plantes utiles, que lui donne un des écrivains qui plaident le plus vivement sa cause. Malheureusement il n’en saurait être ainsi, nous le démontrerons sans peine, pour le plus grand nombre de ces produits, et une prudente réserve doit, à notre avis, subsister pour les autres, du moins jusqu’à ce que l’on soit définitivement fixé sur les principaux résultats des procédés de culture en chaque localité.
Quant aux récoltes brutes, M. Hardy les porte pour un hectare sous le climat d’Alger, où la maturité eut lieu en 1855 dans l’intervalle de temps compris entre le 18 mai et le 15 septembre, — c’est-à-dire en quatre mois et dans un sol qui produisit des plantes hautes de 4 et 5 mètres, — à 83,250 kilos de tiges débarrassées des feuilles et de la partie supérieure (derniers nœuds et flèche ou sommet effilé très pauvre en substance saccharine). Ces tiges ont donné 67 centièmes de leur poids en jus, contenant environ 13 pour 100 de sucre; la quantité de graines récoltées s’est élevée à 2,630 kilos