La jeune ramée et les robes fraîches
Du printemps dernier ?
Le pauvre amoureux dit à l’Amour qui s’envole :
« Ne fuis pas, reste encor.
O mon unique bien, ma seule et chère idole,
Ferme tes ailes d’or.
« N’ as-tu pas dans mon cœur la place la plus douce ?
N’y reposes-tu pas
Comme l’oiseau des bois au fond d’un nid de mousse ?
Hélas ! et tu t’en vas…
« Reste !… Dans la maison solitaire et tranquille,
Assise au bord de l’eau,
N’étions-nous pas heureux, quand la nuit sur la ville
Descendait du coteau ?
« Ne te souvient-il plus des soirs passés ensemble,
Des belles nuits d’été ?
Reste ! Ne vois-tu pas cette larme qui tremble
Dans mon œil attristé ?
« Mais tu ne m’entends pas, et ton aile s’agite ;
Tu brûles de partir ;
Peu t’importent mes pleurs, et mon cœur qui palpite.
Et ce qu’il va souffrir ? »
— L’Amour, en s’enfuyant, à l’amoureux qui pleure.
Dit : « Pourquoi t’ affliger ?
Enfant !… N’ai-je point fait ta jeunesse meilleure,
Ton fardeau plus léger ?
« Dans ton cœur endormi n’ai-je pas fait éclore
Mille pensers nouveaux,
Qui se sont envolés comme un essaim sonore
D’abeilles et d’oiseaux ?
« Ne t’irrite donc point, des misères humaines
Si je subis la loi.
Et si je cours sécher les pleurs, guérir les peines
De plus tristes que toi.
« Adieu ! je vais charmer les rêveurs solitaires
Dévorés de désirs ;